« Quel héritage scientifique pour les Mythologiques de Claude Lévi-Strauss ? »

Par Emmanuel Désveaux, directeur d’études à l’EHESS
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Canal Académie vous propose d’écouter la retransmission de la communication d’Emmanuel Désveaux, directeur d’études à l’EHESS, sous le patronage de l’académicien Bernard Pottier, à l’Académie des inscriptions et belles-lettres le 26 avril 2013 : « Quel héritage scientifique pour les Mythologiques de Claude Lévi-Strauss ? » L’apport d’une œuvre majeure sur les diversités linguistiques et les mythologies.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : es695
Télécharger l’émission (20.01 Mo)

Résumé par Emmanuel Désveaux -
Site de l'Académie des inscriptions et belles-lettres

La communication se décompose en deux parties.
Dans un premier temps, on rappellera l’apport crucial des Mythologiques (1964-1971) d’un point de vue épistémologique. Celles-ci dévoilent en effet un langage qui repose sur deux grands principes : la transformation logique (par inversion) et la notion de code. Ce système qui embrasse l’ensemble du continent américain ignore les frontières linguistiques ou culturelles léguées par l’anthropologie culturaliste nord-américaine. Il s’avère que loin d’être cantonné aux mythes comme chez Lévi-Strauss nous avons montré dans Quadratura americana. Essai d’anthropologie lévi-straussienne (2001), que ce système transformationnel embrasse également le rituel, l’organisation sociale, les techniques et la nomenclature de parenté. Se pose alors la question de savoir s’il ne concerne pas la totalité des productions culturelles américaines, à savoir les formes d’expressions artistique et surtout les langues. Dans ce dernier cas, ce principe transformationnelle fournirait un élément d’explication pour le degré extrême de diversification linguistique que présente le continent par rapport aux autres régions du monde.

Dans un deuxième temps, on reviendra à la matière brute utilisée par Lévi-Strauss, en l’occurrence aux grands mythèmes panaméricains, pour s’aperçoit alors qu’il en privilégie un seul, celui du dénicheur d’oiseaux, laissant dans l’ombre trois autres mythèmes qui se révèlent tout aussi importants. Il s’agit ceux de la conjonction de Soleil et Lune, de la Tête-qui-roule et du Défilé des animaux. Se dessine alors un quadrant qui devient une matrice sémantique déclinant une ontologie comprise comme succession dans le temps des individus, la distinction des sexes, l’opposition entre la vie et la mort et, pour finir, la différence interspécifique, autrement dit le principe totémisme. En conclusion, on envisagera, à titre d’hypothèse, que cette matrice sémantique fondamentale se retrouve également à l’œuvre au niveau linguistique.
Mots-clés : Lévi-Strauss ; Amérique ; mythologies ; diversité linguistique ; transformations logiques.

Claude Lévi-Strauss de l’Académie française (portrait du 16 novembre 2005)
© UNESCO\/Michel Ravassard


Pour en savoir plus

- Claude Levi- Strauss sur le site de l'Académie française

- Académie des inscriptions et belles-lettres

- Toutes les émissions consacrées Claude LÉVI-STRAUSS sur Canal Académie

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