Hommage à Jean Bernard...

...à l’Académie nationale de médecine
Yves POULIQUEN
Avec Yves POULIQUEN de l’Académie française,

Médecins, académiciens et proches de Jean Bernard reviennent sur deux grandes périodes de sa vie : la lutte contre les leucémies et la création de la Fondation pour la recherche médicale, la FRM.

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Jean Bernard (1907-2006), fut membre de l’Académie des sciences en 1972, de l’Académie nationale de médecine en 1973, et membre de l’Académie française en 1975, au fauteuil de Marcel Pagnol.

« La mort d'un enfant est un scandale qu'il n'est pas possible d'accepter ».
C'est à ce titre que Jean Bernard, hématologue mondialement reconnu, membre de l'académie des sciences, de l'académie de médecine et membre de l'Académie française, lutta dès ses premières années de médecin, contre les leucémies.

Lors d'un hommage le 17 octobre 2006 à l'Académie nationale de médecine, médecins, collègues et/ou académiciens, ont pris la parole, pour célébrer la mémoire de leur maître.

- Gérard Schaison, du service de pédiatrie de l'hôpital Saint-Louis a évoqué l'évolution des leucémies aiguës lymphoblastiques depuis les premiers travaux de Jean Bernard.
Jusque dans les années 1980, les leucémies étaient irréversibles. Avec Jean Bernard, Gérard Schaison réalisera des protocoles nationaux sur quelque 450 patients. Grâce à ses méthodes, ils réussirent à réduire la durée des traitements de 7 ans à 3 ans actuellement.
En 1983, on observait un taux de 54 % de rémissions ; il était de 70% en 1993. En 2000, il est de 82%.
Aujourd'hui, les formes graves de leucémies ne sont pas encore incluses dans ces moyennes.

- Laurent Degos correspondant à l'académie des sciences s'est penché sur les leucémies aiguës promyélocytaires.
Les leucémies aiguës promyélocytaires ont une évolution foudroyante, avec troubles de la coagulation. Les premières rémissions datent de 1973, mais les chimiothérapies aggravaient les troubles de la coagulation.
Ils eurent l'idée alors de différencier les cellules malades, des cellules saines.
Après des problèmes d'autorisations, il firent fabriquer un traitement en Chine et l'importèrent en France, afin que les patients français puissent en bénéficier. Les médecins arrivèrent à passer d'un taux de rémission de 25 à 75 %.
La coopération internationale, avec les Etats-Unis, la Chine et la France (notamment avec Anne Dejean, membre de l'académie des sciences), aboutirent plus récemment à la naissance de médicaments actifs sur les deux gènes incriminés dans la maladie. Actuellement, les ¾ des patients atteints de leucémies aiguës promyélocytaires sont « guéris ».

- Eliane Gluckman s'est exprimée sur le développement des greffes de moëlle osseuse en France.
Les grands premières greffes ont débuté en 1972 à l'hôpital Saint-Louis à Paris. La matériel est rudimentaire, et souvent, importé des Etats-Unis.
Entre 1972 et 2005, 1900 patients furent traités à Saint-Louis, dont 1/3 d'enfants. Il fut l'un des premiers services hospitaliers européens à se lancer dans l'aventure.
Aujourd'hui, non seulement les cellules de moëlle osseuses sont utilisées pour traiter les patients, mais depuis peu est aussi utilisé le sang du cordon ombilical.

- Yves Pouliquen de l'Académie française, évoque ses souvenirs à l'académie royale du Maroc, où Jean Bernard faisait partie de l'assemblée, et ne ratait jamais aucune réunion. Il aimait aussi prendre l'avion pour savourer le moment où il était seul et injoignable, et emportait toujours avec lui un livre de la Pléïade !

- François-Bernard Michel est revenu sur la passion de Jean Bernard pour l'écrivain Paul Valery. Il ne se passait pas une journée sans citer son auteur fétiche.

- Pierre Joly, président de la Fondation pour la recherche médicale, et Alain Prochiantz, président du conseil scientifique de la FRM, reviennent sur le rôle de leur prédecesseur Jean Bernard, dans la création en 1962 de cette fondation, le plus grand organisme privé.

- Jean-François Bach, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, a évoqué les objectifs de la fondation et l'humour de Jean Bernard, qui se plaisait à parler de «biomendicité» !

- Simone Veil, ancien ministre de la santé, actuellement membre du conseil constitutionnel a conclut cette matinée en retraçant le contexte politique des années 1970, où Jean Bernard l'avait alors informé du problème des infirmières, et du manque de considération qu'on leur portait. Attaché à l'hôpital public, il était également de ceux qui se battaient pour trouver des finances nécessaires à la recherche.

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Écoutez également notre émission En colloque sur L'hommage à Jean Bernard de l'Académie française . Retrouvez les témoignages de Jacqueline Worms de Romilly, Jean Dausset, Jean-Pierre Changeux et Jacques-Louis Binet.

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