Installation de Norodom Sihamoni, roi du Cambodge, associé étranger de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres

Retransmission de la cérémonie sous la Coupole de l’Institut de France, le 12 mars 2010
Avec NORODOM SIHAMONI
Associé étranger

L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres reçoit sous la Coupole de l’Institut de France le Roi du Cambodge, Sa Majesté Preah Bat Samdech Preah Boromneath Norodom Sihamoni, élu associé étranger le 6 juin 2008. Canal Académie vous propose d’écouter dans cette émission, l’intégralité de cette séance solennelle.

La richesse exceptionnelle de documents historiques et de monuments prestigieux fait du Cambodge un terrain d’élection pour la recherche archéologique. L’Académie des Inscriptions et Belles-lettres en a pris connaissance dans la deuxième moitié du XIXe siècle et a organisé des missions d’exploration, de conservation et d’étude scientifiques, tout au long du XXe siècle, en son sein et au sein de l’Ecole française d’Extrême-Orient, créée sur sa proposition, en 1900. Les noms des pionniers, Etienne Aymonier, Lunet de la Jonquière, Jean Commaille, des grands savants et directeurs, Louis Finot, Georges Coedès, Bernard-Philippe Groslier, Jean Filliozat, jalonnent cette histoire des études khmères.

Le roi du Cambodge, Norodom Sihamoni, entre Hélène Carrère d’Encausse et Gabriel de Broglie

Aujourd’hui la conservation du patrimoine cambodgien, dont les monuments d’Angkor sont inscrits au patrimoine de l’humanité, est une responsabilité mondiale dans laquelle la France reste engagée au premier rang. En entrant à l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres, Sa Majesté le roi du Cambodge Sihamoni apporte une nouvelle force à la défense d’un trésor archéologique et au soutien d’un champ de recherche scientifique de première importance.

C'est donc tout naturellement que le Roi du Cambodge, Sa Majesté Norodom Sihamoni, associé étranger, a été installé à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en une cérémonie solennelle organisée sous la coupole du palais de l’Institut de France le 12 mars 2010. Revêtu d'un habit d’apparat traditionnel, le Chef d'État, diplomate, Grand-Officier de la Légion d'Honneur, chorégraphe, cinéaste et restaurateur des arts de la musique et de la danse traditionnels du Cambodge, a montré l'importance de l'événement dans le pays et pour toute la famille royale.

Celui qui continue de jouer un rôle primordial dans la communauté internationale en faveur de la recherche historique et archéologique de son pays et pour la défense du patrimoine a scellé un grand moment d'émotion en France et dans tout le Cambodge, la retransmission de l'événement ayant été organisée de façon à ce que les régions les plus reculées aient accès à l'information et aux images de ce moment sacré.

Dans cette émission, vous entendrez :

- L’allocution de réception, par M. Jean Leclant, Secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,

- A la recherche du génie khmer, par M. Pierre-Sylvain Filliozat, Président de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
- La conservation du patrimoine khmer aujourd'hui, par M. Franciscus Verellen, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Directeur de l'École Française d'Extrême-Orient depuis 2004,
- L’influence de l’art néo-khmer en France, par M. Azedine Beschaouch, Associé étranger de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres,
- L’art khmer au musée Guimet : histoire d’une collection, par M. Jean-François Jarrige, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
- La lecture de la Réponse de Sa Majesté Norodom Sihamoni.

Extrait du discours de Jean Leclant

Quoique chacun ici connaisse bien les résultats que vous avez atteints alors, je
rappellerai toutefois que, sous Votre mandat, le Royaume du Cambodge a participé aux
fructueuses négociations qui ont abouti à la signature de plusieurs conventions
internationales, en particulier celle sur le patrimoine immatériel en 2003 ; à son succès,
Votre nom demeure attaché, puisque son adoption a permis l’inscription du Ballet royal
du Cambodge sur la liste des chefs-d’oeuvre du Patrimoine immatériel de l’Humanité.
Auparavant, Vous n’aviez pas ménagé Vos efforts pour favoriser, dans le cadre d’une
vaste coopération orchestrée par l’UNESCO, une meilleure protection du site
d’Angkor. Depuis cette tribune planétaire pour la culture qui tient ses assises dans les
bâtiments quelque peu austères de la place de Fontenoy, vous n’avez pas non plus
manqué d’alerter la communauté internationale sur l’impérieuse nécessité de protéger
tout autant des temples plus isolés comme ceux de Bantaey Chmar, en proie au pillage
le plus sauvage, ou de Preah Vihear, indûment mêlé à une querelle de frontières. Vous
avez été aussi l’Organisateur d’une grande exposition à l'UNESCO sur la soie khmère
en 1996. Pour clore ce trop rapide survol, il convient enfin de souligner que c’est grâce
à Vos talents de diplomate et de décisionnaire, que le Cambodge est entré, le 10
octobre 2003, dans le cercle restreint du Conseil exécutif de l’UNESCO.

Extrait du discours de Pierre-Sylvian Filliozat

Sire,
Il est peu de pays au monde qui possède des archives historiques, aussi nombreuses,
aussi anciennes, aussi belles que celles du Cambodge. Ce sont des archives de pierre, de longs
textes finement gravés sur des stèles ouvragées. Parfois elles apparaissent sur les piédroits de
porches d’entrée somptueusement couverts d’entrelacs de feuillage. Elles forment un décor
qui prolonge au long de ses lignes la profusion de l’extérieur. Ce décor est une écriture qui
contient en elle-même le meilleur du goût artistique cambodgien. On sait que son origine est
dans le sud de l’Inde vers les Ve et VIe siècles. Sur la terre du Cambodge elle se transforme,
elle s’embellit rapidement. Elle devient une création cambodgienne.
C’est ce que voulait le grand roi Yaśovarman, fondateur d’Angkor.

Extrait du discours de Franciscus Verellen

Franciscus Verellen, directeur de l’Ecole française d’Extrême Orient

Lors de Sa visite d’État en France en 2006, je me rappelle que Votre Majesté a
fait grand honneur à l’EFEO en rendant hommage « aux éminents
savants qui bâtirent son prestige », et en saluant dans les chercheurs de l’École
aujourd’hui « les dignes successeurs de ceux‐ci ». Comme notre Président
Pierre‐Sylvain Filliozat l’a évoqué, voilà plus d’un siècle que l’École française
d’Extrême‐Orient s’attache à l’étude du Cambodge, à la recherche de son
histoire, de son génie, de ses inscriptions et belles‐lettres au sens où notre
Secrétaire Perpétuel aime à définir ces termes.
Il m’échoit cet après‐midi d’évoquer les travaux de ses chercheurs, et, en
prélude, permettez moi de Vous exprimer toute ma reconnaissance pour
l’accueil et le soutien dont bénéficie grâce à Vous notre établissement.

Extrait du discours de Azedine Beschaouch

L’activité grandiose des monarques constructeurs a marqué le paysage des cités
khmères, à jamais.
Elle est particulièrement illustrée, pour les siècles des siècles, par l’oeuvre admirable
et multiple du prince qui se fit sacrer, en l’an 1181, « Roi suprême des rois khmers »,
JAYAVARMAN VII, lequel régna durant une quarantaine d’années.
Les archéologues, les épigraphistes et les historiens, qui sont pour l’essentiel, des
membres de l’E.F.E.O, n’ont cessé, depuis 1908, d’analyser les aspects de cette
grande civilisation, une civilisation des monuments, servie par des architectes de
génie, et une civilisation de l’eau, avec des hydrauliciens d’une ingéniosité peu
commune, qui se révélait tant dans l’aménagement d’immenses réservoirs– les barays
– que pour la gestion durable des réserves.
Aujourd’hui en nombre croissant, les visiteurs peuvent en trouver les remarquables
témoignages aussi bien au Royaume du Cambodge qu’au-delà du Cambodge, au Viêt
Nam, au Laos et en Thaïlande. Toutefois le lieu par excellence où admirer des oeuvres
de valeur universelle exceptionnelle c’est absolument la capitale historique de
l’Empire Khmer, ANGKOR, considérée par l’UNESCO comme un joyau du
patrimoine culturel de l’Humanité.

Extrait du discours de Jean-François Jarrige

Le 30 janvier 1997 s’ouvrait dans les Galeries nationales du Grand Palais à Paris
une grande exposition intitulée « Angkor et dix siècles d’art khmer », placée
sous le haut patronage de Sa Majesté Norodom Sihanouk, alors roi du
Cambodge et de Monsieur Jacques Chirac, alors Président de la République.
Pour la première fois les plus grands chefs-d’oeuvre du musée national de
Phnom Penh et du musée Guimet se trouvaient réunis. Cette exposition, dont j’ai
eu l’honneur d’être un des commissaires, rendait hommage à ce que l’on peut
considérer comme un des arts majeurs du patrimoine de l’humanité. Elle devait
connaître ensuite un grand succès à la National Gallery de Washington, avant
d’être présentée à Tokyo et à Osaka. Depuis, la collection d’art khmer du musée
Guimet a été réinstallée dans le musée rénové qui a rouvert ses portes en 2001.
La réception sous la Coupole de sa Majesté Norodom Sihamoni, roi du
Cambodge, est pour nous l’occasion d’évoquer brièvement l’histoire de cette
collection telle qu’elle se présente à nous aujourd’hui au musée Guimet avec en
introduction le remontage de la chaussée des géants du Preah Khan d’Angkor
dont nous aurons l’occasion de reparler.

Extrait du discours de Sa Majesté Preah Bat Samdech Preah Boromneath
Norodom Sihamoni, roi du Cambodge

Le roi du Cambodge, Norodom Sihamoni, en train de lire son discours

La vénération des temples et le respect scrupuleux des hauts lieux de la spiritualité sont une antique
tradition de Notre famille.
En entrant, aujourd' hui dans ce temple du savoir et de la conscience, Nous réservons les premiers
mots à l'expression de Notre reconnaissance. Grâces soient donc rendues à tous les académiciens qui
ont bien voulu, par leur suffrage, faire d'un NORODOM leur confrère!
En vérité, cette distinction dont l'Académie Q lenu à Nous honorer, Nous la devons, en grande part, au
prestige de Notre père. Tenant son double pari de vérité et de lîbertê, Sa Majesté NORODOM
SIHANOUK a su être, en effet, l'homme de Bandung, en 1955, et l'hôte, à Phnom Penh, du Général de
Gaulle en 1966.
Aux côtés de Notre père qui faisait l'histoire, Nous avons appris à ne jamais céder au désespoir. Ainsi,
quand les temps étaient marqués du fer de la tyrannie, Nous avons su, définitivement, que la dignité de la
condition humaine réside dans le refus de la servitude et le rejet des voies du déshonneur.

Ovation à la fin du discours du roi du Cambodge

En savoir plus :

- Pierre-Sylvian Filliozat à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres

- Jean Leclant à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres

- [Franciscus Verellen, Membre de
l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres->http://www.aibl.fr/membres/academiciens-depuis-1663/article/verellen-carl-franciscus?lang=fr]

- [Azedine Beschaouch, Associé étranger de
l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres->http://www.aibl.fr/membres/academiciens-depuis-1663/article/beschaouch-azedine?lang=fr]

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