Ecrire mal et mal d’écrire : l’écriture de vos enfants déchiffrée par une graphologue

avec Denise Berthet, graphologue, auteur de Leur écriture les trahit

Inclinée, espacée, petite ou arrondie, l’écriture semble être le reflet de notre caractère, de notre émotion du moment. En ce sens, les graphologues peuvent déterminer nos points forts et nos faiblesses.
Denise Berthet aide les enfants et les jeunes adultes à retrouver une certaine estime de soi, et recouvrir une écriture plus sereine. Elle revient pour nous sur l’objet de son travail, notamment à travers son ouvrage Leur écriture les trahit.

_ Ecrire mal ou avoir le mal d’écrire ? Les deux sont liés vous répondra Denise Berthet, graphologue spécialisée dans l'expression corporelle.
Au-delà du jugement négatif qui peut déstabiliser les jeunes enfants dans leur apprentissage « écrire mal » suppose que l’écriture soit difficilement lisible ou lente.

« Ecrire lentement est souvent la conséquence d’une grande crispation qui provoque des douleurs au poignet, aux doigts, à l’épaule et quelquefois jusqu’au sternum. Cela devient alors le mal d’écrire car il s’agit à la fois d’une difficulté physique et psychologique ; physique pour les symptômes que je viens de citer et psychologique parce que l’enfant ressent l’inquiétude des parents qui redoutent l'échec scolaire » nous explique Denise Berthet au cours de cette émission.

L’écriture est le révélateur de l’être. L’écrivain se représente dans les formes de ses pleins et de ses déliés, dans l’organisation de sa page. Mais c’est surtout le trait qui intéresse le graphologue. L’énergie exercée sur le crayon est un indice essentiel pour percevoir l’essence de l’être.

« Gribouiller pour un petit enfant est très important. C’est son moyen de communiquer, de dire son « je suis » : les traits appuyés ou au contraire très légers ont un sens. Ils reflètent les émotions de l'enfant » précise la spécialiste.

L’intensité du trait reflète nos émotions, qu’il s’agisse du dessin ou de l’écriture
Tiré du livre <i>Leur écriture les trahit<\/i> de Denise Berthet

L’origine du mal d’écrire

Les origines du mal d’écrire sont très diverses.
Tout d’abord Denise Berthet s’insurge contre les parents qui veulent faire écrire leurs enfants trop jeunes. « Il est inutile de vouloir les faire écrire en dessous de 6 ans. Les enfants ont besoin d’une maturation physiologique pour écrire avec un développement perceptivo-moteur suffisant : il s’agit de la perception visuelle, auditive tactile… tout ça doit être développé par des jeux. A partir de 6 ans, l’enfant est en général prêt pour écrire ; en dessous, vous risquez de provoquer des crispations et de mauvaises habitudes. Quant aux lignes de « l», de « m » ou encore de « p » noircis sur les cahiers des jeunes écoliers, elles n’ont pas vraiment de sens si elles ne sont pas précédées par des exercices pré graphiques » .

On estime qu’il existe trois phases de l’apprentissage de l’écriture : la première, la phase pré-calligraphique se situe entre 6 et 10 ans. « On est forcément tolérant avec l’enfant parce qu’il n’a pas terminé son évolution, il a du mal écrire sur une ligne droite, à s’organiser, il a besoin de tenir son buste contre le bureau parce qu’il n’a pas encore la tonicité suffisante » explique Denise Berthet.
A 11, 12 ans, c’est la phase calligraphique, il n’a plus besoin de l’appui du bureau.
Après 12 ans, l’enfant arrive à ouvrir son coude, son glissé de main est meilleur : c’est la phase post-calligraphique.

Ecrire est un acte moteur. Vouloir à tout prix faire un apprentissage précoce sur de jeunes enfants peut induire des difficultés à long terme : « Dans mon travail j’ai été amenée à aider des étudiants en maths Sup, maths Spé ou encore des jeunes qui avaient échoué au CAPES, à cause de l’écriture ».

Autre élément qui peut favoriser le mal d’écrire : l’estime de soi. C’est un terme qui revient régulièrement dans l’ouvrage de Denise Berthet [[Denise Berthet Leur écriture les trahit, Comment les aider dans leur parcours scolaire, éditions Belin, 2010]]. « Ceux qui rencontrent des difficultés dans l’écriture ont une mauvaise image d’eux. A nous, graphologues de les aider, d’éveiller leur créativité. Nous devons les estimer si l’on souhaite qu’ils s’estiment. Leur blocage est passager, nous devons les accompagner ». A noter que la psychologie est indispensable pour exercer ce métier, cette discipline fait partie de l’examen de la Société française de graphologie.

La personnalité est indissociable de l’écriture. Dire à un enfant qu’il écrit mal peut provoquer chez lui une mésestime de soi
Tiré du livre <i>Leur écriture les trahit<\/i> de Denise Berthet

Pour aider les enfants qui lui sont confiés, Denise Berthet a mis au point des comptines pour mimer les mouvements d’écriture [[Denise Berthet, Le graphisme en chantant, Préparation à la lecture et à l'écriture, éditions Belin]]. Dans cette émission, la graphologue vous donne quelques clés pour mimer certains mouvements graphomoteurs avec « J’aime la galette », « Vl’a le vitrier » et « Pomme de reinette ».

Enfin, pour Denise Berthet, il n’existe pas de cas désespéré. « Il n’est pas question de rendre une écriture plus esthétique, mais de donner à l’enfant une justesse du geste de l'écriture. J’ai eu dans ma carrière un enfant touché sur le plan neurologique. Il a réussi à écrire et il a passé son bac ».

Ecoutez les explications de Denise Berthet au cours de cette émission.

Denise Berthet est graphologue spécialisée dans l'expression corporelle. Elle a exercé au centre médico-psycho-pédagogique de Grenoble, après des formations sur Paris (Hôpitaux Alfred Binet et Claude Bernard.)

Cette émission fait l’objet d’une destinée à ceux et celles qui veulent améliorer leur approche de la langue française dans notre Espace Apprendre.

En savoir plus :

L'enfant et l'écriture : Actes du colloque... le 4 mai 1996 à GrenobleImage retirée.

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