Les deux A.D. : Alexandre Dumas et Alain Decaux !

L’historien, de l’Académie française, invité par Jacques Paugam, raconte sa passion pour l’auteur des Trois Mousquetaires
Avec Jacques Paugam
journaliste

Laissez-vous séduire par ce conteur incomparable qu’est Alain Decaux, de l’Académie française, qui, comme toujours, nous enchante avec des anecdotes, sur sa découverte de l’auteur des Trois Mousquetaires, et sur la manière dont il a sauvé son château pour finalement faire reposer le grand Alexandre Dumas sous la coupole du Panthéon…

Émission proposée par : Jacques Paugam
Référence : pag823
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Alain Decaux a découvert Alexandre Dumas lorsqu'il avait 11 ans.

A.D : J’entrais en 6ème, au lycée de Lille. Dans la cour de récréation, nous jouions aux gendarmes et aux voleurs, quand tout à coup j’ai ressenti un violent mal de ventre. Le médecin de famille a pensé à une appendicite qu'il fallait sur le champ opérer. Finalement c’était une péritonite, ce qui à l’époque, était très grave. Pendant plus d’un mois, j’ai été entre la vie et la mort. Mon grand-père, instituteur à la retraite, m’apportait beaucoup de livres, et un jour, il est arrivé avec six volumes : « -Mais Bon Papa qu’est-ce que c’est cette histoire ? « - Le Comte de Monte-Cristo», «- et ce Dumas, qui c’est ? » Et mon grand-père de répondre : « - Tu vas voir ! »
Chaque jour j’ai lu un volume. J’étais acquis, pour toute ma vie, à l’auteur qui s’appelait Alexandre Dumas !

Les deux A.D.

Alexandre Dumas (1802-1870)

Jacques Paugam souligne alors une coïncidence heureuse : les initiales d'Alain Decaux sont les mêmes que celles d'Alexandre Dumas... ce qui fournit à notre invité l'occasion de relater une autre anecdote amusante, alors qu'il avait 16 ans :

A.D : La guerre nous avait chassés du Nord, nous n’avions pas le droit d’y retourner, cette zone était interdite. Nous sommes devenus parisiens. J’ai d’ailleurs terminé mes études à Janson de Sailly. Mon père, bon marcheur, m’a emmené en ballade dans tous les environs de Paris. Nous sommes allés un jour à St Germain-en-Laye puis dans la campagne. Là, on a trouvé une petite route à droite que nous avons empruntée, puis sur la gauche nous avons aperçu un château de type Renaissance, et à droite un autre bâtiment qui était médiéval mais datant du XIXe siècle. Sur la grille nous lisons les initiales A.D. Mon père s’arrête, éclate de rire et me dit « Mais Alain ce sont tes initiales ! ». En rentrant chez moi j’ai vérifié dans un petit dictionnaire et découvert qu’il s’agissait du château d’Alexandre Dumas, le château de Monte-Cristo...

L'Académie et le Panthéon

Si Alain Decaux est membre de l'Académie française depuis 1979, Alexandre Dumas, lui, ne l'a pas été. Pourquoi ?

A.D: Nous avons de lui une lettre de candidature qui est très belle. Il dit qu’il apprend, et que c’est en toute humilité qu’il présente cette requête. Victor Hugo (qui avait voté pour lui) était le « patron du romantisme ». Il sentait qu’il aurait un disciple et même plus, un associé.

Et faute d'être membre de l'Académie, Alexandre Dumas repose au moins au Panthéon, et cela depuis 2002 seulement, date du bicentenaire de sa naissance. Alain Decaux n'a pas ménagé ses efforts pour parvenir à cette fin ...

C’est lié au fait que j’ai essayé de sauver son château. Alexandre Dumas était mon héros. Et tout à coup, j’apprends que non seulement on ne va pas réparer ce château mais que l’on va le démolir. Pour quelle raison ? Simplement parce que le propriétaire en avait assez et qu’il avait reçu une offre d’un groupe de promoteurs qu’il venait d’accepter. Heureusement ces derniers n'avaient obtenu que le préalable. Le lendemain, je téléphone à tous les gens que je connais. Certains sont très lâches... Finalement j’appelle le directeur du Figaro Littéraire qui me conseille de m’adresser au Figaro quotidien pour que cela fasse plus de bruit. Ce que je fais. C'était au moment du bicentenaire de la naissance d’Alexandre Dumas. Étrange bicentenaire... D’habitude on en profitait pour faire des colloques et là on démolissait sa maison. L’article a été très lu, les gens ont commencé à réagir. Nous avons sauvé le château puis nous avons créé une « Société des amis d’Alexandre Dumas ». Au bout de quelques années, nous nous sommes dit : pourquoi pas le Panthéon ? Seul le président de la République pouvait décider. Et par chance, Jacques Chirac lisait Dumas. Il l’adorait lui aussi. Il a donc accepté. Le samedi 30 novembre 2002, le Président de la République a fait un discours général et moi, j’en ai fait un aussi. Je me disais : comment faire ? qu’écrire ? je l’aime tellement... Et le matin même je me suis dit : si je le tutoyais... Il arrivait dans un cercueil et là au lieu de commencer par le texte que j’avais préparé « enfin vous voilà » j’ai dit : « Enfin te voilà Alexandre ».

Un dictionnaire amoureux d’Alexandre Dumas, 39ème ouvrage d'Alain Decaux, est paru aux éditions Plon dans la collection des Dictionnaires amoureux.

- La société des amis d'Alexandre Dumas

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A visiter :

Le château de Monte-Cristo, demeure et parc d'Alexandre Dumas, se situe sur la colline du Port-Marly, entre Marly-le-Roi et Saint-Germain-en-Laye (78). Une balade dans le parc et une visite du château vous feront découvrir tout l'univers de l'écrivain à travers une collection de gravures, peintures et reproductions.
http://www.chateau-monte-cristo.com/

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