Le nouveau dynamisme des métiers d’art

Entretien avec Jean-Michel Deslile, président de l’Institut national des métiers d'art

Qu’appelle-t-on un métier d’art aujourd’hui ? Qui sont ces hommes et ces femmes dont les gestes d’excellence ont pour mission de servir les artistes ? Où se situent-ils par rapport aux artistes, entre tradition, restauration et création ? Le point sur un secteur en renouvellement, avec Jean-Michel Delisle, président de l’Institut National des métiers d’art.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : carr760
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À l’occasion des Journées des Métiers d’Art 2011, Canal Académies s’associe à l’Institut National des Métiers d’Art pour faire découvrir les plus grands talents de notre pays.

Les 1er, deux et trois avril 2011, se déroule la cinquième édition des Journées des Métiers d’Art. Partout en France, des artisans d’art ouvrent leurs portes au public pour faire découvrir leur métier, qu'ils considèrent généralement comme une passion. Ces Journées des métiers d’art ne connaissent pas encore le succès des Journées Européennes du patrimoine qui, comme chacun sait, se déroulent chaque année en septembre. Le Premier ministre François Fillon a demandé l'annualisation à partir de 2011 de ces journées des métiers d'art, auparavant bisannuelles à l'instar des Journées du patrimoine. Si la dimension européenne ne leur est pas encore accordée, l'Institut National des métiers d'arts, créé en juin 2010, s'attache à cette perspective. Sa mission pour l'heure est de coordonner l'action des pouvoirs publics en faveur des métiers d'art et de développer des cursus de formation. Cette mission de service public répond à la volonté de créer une dynamique en faveur de ces métiers sur l'ensemble du territoire. L'événement est soutenu en régions par les Chambres de Métiers et de l’Artisanat, les Ateliers d’art de France, le Réseau Villes et Métiers d’Art, l'Association Vieilles Maisons Françaises. Près de 3000 ateliers seront ouverts au public. De nombreux partenaires publics, des écoles et des centres de formations seront également ouverts aux visiteurs durant ces 3 jours, afin de faire connaître aux jeunes et à leurs parents, ces métiers qu'on dit d'exception qui correspondent à 38 000 entreprises et près de 100 000 emplois.

 

Monelle Hayot, Jean-Michel Delisle, Canal Académie, 8 mars 2011
© Canal Académies

 

 

Les métiers d’art aujourd’hui en 2011, ont-ils besoin d’être défendus puisqu'ils sont, pour certains d’entre eux, les expressions d’un savoir-faire multiséculaire ?

Jean-Michel Delisle, actuel président de l’Institut National des Métiers d’art, l’INMA, en charge de l’organisation de ces Journées des Métiers d'Art, répond aux questions de Marianne Durand-Lacaze et de Monelle Hayot, éditrice d’art et membre du conseil des métiers d’art jusqu’en 2011.

Les métiers d'art font l'objet d'une liste officielle de 217 métiers répertoriés dont on ne peut dévier aisément. La sénatrice Catherine Dumas voudrait y faire entrer la gastronomie française depuis que le repas à la française est classé patrimoine immatériel de l'UNESCO. La définition du métier d'art répond à la définition suivante pour Jean-Michel Delisle : un geste de base qui aboutit à un objet pérenne : un plumassier, un bourrelier...des mots et des métiers qui pourraient sembler en perdition. Cependant ces métiers attirent dorénavant presque autant des jeunes étudiants ayant fait des études longues, souhaitant se réorienter que de jeunes en filières professionnelles dans lesquelles on peut s'orienter dès la classe troisième. L'éducation au dessin et à l'histoire de l'art, liées à ces métiers, est fermement défendue par Jean-Michel Delisle qui voit là, les bases de la culture des métiers d'art. Aujourd'hui, les Maîtres d'art et les artisans d'art partagent leur compétences et s'organisent en pôles de développement soutenus par certaines régions, et certaines municipalités, comme par exemple la ville de Pantin.

Loin d'être figés, ces métiers sont à la pointe des nouvelles technologies qui les "tirent vers le haut". Ils sont au cœur des enjeux de la mondialisation, tout en gardant le sens de la rigueur et de l'excellence du geste. Le savoir-faire français est très reconnu à l'étranger. L'Inde, la Corée, le Japon, sont très attirés par un échange de techniques et par le développement de partenariats. Historiquement, Valéry Giscard d'Estaing au cours de son mandat présidentiel, fut le premier à avoir souhaité un outil de pilotage national de ces métiers d'art. Son initiative a été poursuivie.

En 2002, le ministère de l'Artisanat crée les Journées des Métiers d'Art, qui se sont déroulées tous les deux ans jusqu'à présent. La promotion et la formation des métiers d'art sont les principales missions de l'INMA. Son actuel président entend poursuivre cette promotion des métiers d'art mais surtout développer la formation continue essentielle au cadre de la mondialisation. Il souhaite également valoriser davantage le Viaduc des arts dans le douzième arrondissement de Paris pour accroître la visibilité du pôle ressources de l'INMA qui y est abrité afin que métiers d'art, design, ONISEP et jeunes se rencontrent. L'INMA entend chercher à veiller à mettre en réseau les régions ouvertes sur ces métiers rares et semble-t-il prometteurs.

 

 

 

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