Maurice Barrès (1862-1923) : plus de 25 historiens s’emparent de cette figure complexe

Qualifié "Prince de la jeunesse", il ne saurait être réduit à quelques clichés politiques !
Avec Christophe Dickès
journaliste

Elu à l’Académie française en 1906, Maurice Barrès fait aujourd’hui partie de ces auteurs qui marquèrent l’histoire intellectuelle et politique de la France et de la IIIe République. En mai 2010, plusieurs historiens et professeurs de Lettres se réunirent en colloque à Metz afin d’évoquer son œuvre politique et littéraire et son influence que l’on ne peut cantonner à l’hexagone. Deux d’entre eux, Olivier Dard et Michel Leymarie, nous présente les actes de ce colloque publiés chez Peter Lang.

Émission proposée par : Christophe Dickès
Référence : hist668
Télécharger l’émission (45.37 Mo)
Maurice Barrès
Elu au 4e fauteuil en 1906 à 44 ans.

Figure du nationalisme français, Maurice Barrès acquit rapidement une autorité intellectuelle dans les premières décennies de la Troisième République. Son influence sur sa génération fut réelle, c'est pourquoi on en fit le Prince de la jeunesse. En effet, à droite de l'échiquier politique, cette figure semble incontournable. Nénamoins, il serait erroné d'en faire un doctrinaire, tant les facettes de sa personnalité et de son champ intellectuel sont nombreuses. Michel Leymarie dit de lui qu'il fut un passeur, à la différence d'un Maurras chez qui on aboutissait dans l'ordre des idées. Cela pose la question au fond du barrésisme: « Si barrésisme il y a, il n’appartient évidemment pas à l’écrivain, mais bien à tous ceux qui se sont réclamé de lui, de son vivant ou après sa mort. » Le barrésisme est en quelque sorte « un château à plusieurs ailes et aux multiples tours (…) plutôt qu’une bâtisse construite par l’auteur suivant des plans rigoureusement ordonnés ». C'est dire la complexité de cette oeuvre littéraire et politique décortiquée par plus de vingt-cinq universitaires français mais aussi espagnol, belge, roumain... au cours d'un colloque dont les actes viennent d'être publiés. Olivier Dard et Michel Leymarie reviennent ici pour nous sur les conclusions de ces journées d'études.

Les invités

O. Dard et M. Leymarie

Michel Leymarie et Olivier Dard sont tous deux historiens. Ils travaillent respectivement à l’université Charles de Gaulle-Lille III et l’université de Metz-Nancy. Avec Michel Grunewald, et Jean-Michel Wittmann, ils ont organisé le colloque sur Maurice Barrès à l'université Paul Verlaine-Metz. Avec d'autres historiens, il se sont penchés sur l'histoire intellectuelle des droites françaises en posant systématiquement un éclairage sur leur influence à l'étranger. Voir notamment sous la direction d'Olivier Dard et de Michel Grunewald, Charles Maurras et l'étranger, L'étranger et Charles Maurras, Peter Lang, coll. Convergences, 2009; Jacques Bainville, profils et réceptions, Peter Lang, 2010; sous la direction de Michel Leymarie et Jacques Prévotat, L’Action française, culture et société, Editions du Septentrion, 2008; sous la direction d'Olivier Dard, de Michel Leymarie et de Neil Mc William, Le maurrassisme et la culture, L'Action française: Culture, société, politique, 2010; sous la direction d'O. Dard, M. Grunewald, M. Leymarie, JM Wittmann, Maurice Barrès, la Lorraine, la France et l'étranger, Peter Lang, coll. convergences, 2011.

Liens
- Se procurer les actes du colloques ici.
- Maurice Barrès sur le site de l'Académie française: ici.

Présentation de l'éditeur Peter Lang

Maurice Barrès est l'homme de la Revanche de 1870 et des « bastions de l'Est », de la Lorraine, en particulier mosellane, qui est au coeur de Colette Baudoche. Il est aussi, avec Charles Maurras, le doctrinaire majeur du nationalisme français. « Prince de la jeunesse » puis académicien, il occupe enfin une place majeure sur l'échiquier littéraire des années 1880-1920. La relation entre politique et littérature caractérise ce volume qui réunit 26 chercheurs français et étrangers. L'ouvrage s'interroge aussi sur la définition du barrésisme, doctrine et entreprise tout à la fois esthétique, politique et largement individuelle, à la différence du maurrassisme. Si Barrès a des émules, il ne cherche pas à être un chef de file, au moins sur le plan politique. Centré sur « les années Barrès », l'ouvrage analyse aussi ses postérités, en particulier dans la France de l'entre-deux-guerres où son influence reste importante. Le volume étudie enfin, et pour la première fois, la relation de Barrès à l'étranger sur le double registre de la politique et de la littérature ; il analyse de quels types de transferts politiques et culturels celle-ci est génératrice.

Cela peut vous intéresser