Les nouvelles priorités de l’Union européenne élargie

par Romano Prodi

Communication de Romano Prodi prononcée en séance publique devant l’Académie des sciences morales et politiques le lundi 26 avril 2004.

Voici le texte de la communication de Romano Prodi sur les nouvelles priorités de l'Union européenne élargie :

Romano Prodi

Chers amis,

Permettez-moi avant tout de vous remercier, et en particulier M. Michel Albert, pour cette invitation, que j'apprécie vivement, à m'exprimer devant votre Académie, qui est un des grands lieux d'excellence et de débat européen.

L'initiative que vous avez prise, à travers "Points de vue sur l'Europe", confirme toute votre sensibilité pour les questions européennes et apporte une contribution importante au débat sur l'Europe en cette année décisive pour le futur de celle-ci, où nous devons prendre des décisions fondamentales sur l'Europe que nous souhaitons, sur son identité et sur les nouvelles grandes priorités communes.

Il y a en effet, dans l'histoire, des moments où nous sommes appelés à opérer des choix forts, déterminés et qui marqueront les années à venir.

L'Europe de l'euro, de l'élargissement et bientôt, je l'espère, de la Constitution constitue l'un de ces moments forts.

Le XXIe siècle, celui de la mondialisation et des grands défis transnationaux, requiert un saut qualitatif dans la conception du projet politique européen et dans les actions censées le réaliser. Il s'agit avant tout d'un problème de dimension, évident mais important :
Les États européens sont, tous sans exception, trop petits pour pouvoir relever ces défis en dehors ou indépendamment du contexte européen.

Notre Europe, qui prend une dimension continentale, doit d'abord identifier et asseoir les valeurs qui doivent fonder son nouveau pacte politique : la paix, la démocratie, la dignité humaine, la justice sociale.

Ce n'est qu'à la lumière de telles valeurs, en effet, que l'on peut identifier les grandes priorités de l'Union élargie.

L'EUROPE DES VALEURS : LA PAIX...

S'il est une grande réalisation européenne que nul ne peut contester c'est d'avoir rendu la guerre entre les États et les peuples européens purement inconcevable.

C'est d'abord ce modèle de paix, auquel l'élargissement se réfère en étendant à tout le continent européen cette évidence qu'une guerre entre nos peuples est impossible.

Aujourd'hui, l'Europe doit assumer un rôle international plus fort et plus cohérent, pour contribuer à la paix et à la stabilité dans le monde. En cette période extrêmement difficile, on pense immédiatement à la situation, préoccupante, de l'Irak.

Le moment est venu pour l'Europe de prendre, en tant qu'Union, une initiative politique forte dans le cadre des Nations Unies, afin de peser sur le cours d'une situation qui devient dramatique.

L'Europe doit contribuer à une solution claire et durable fondée sur les principes incontournables de la souveraineté du peuple irakien et du respect des droits de l'homme et des minorités, ainsi que sur l'intérêt général de la communauté internationale, qui est de rétablir la paix et la stabilité politique du Moyen-orient.

Les crises qui frappent actuellement cette région ne pourront en effet se résoudre que dans le cadre d'une stratégie multilatérale et régionale.

Aucune solution ne sera possible si certains des protagonistes restent exclus du processus de pacification, de réconciliation et de démocratisation.

Surtout, il faut une perspective et un espoir de paix.
Sans cette perspective, les forces qui refusent le dialogue trouveront toujours un terreau fertile; sans cet espoir, les autres mourront.

En Irak, par ailleurs, il est inutile de regarder en arrière, de ressasser ce qu'il aurait fallu ne pas faire. Nous ne pouvons en aucun cas abandonner ce pays à son destin.

Or, chaque jour, on voit un peu plus combien il serait difficile de donner aux Irakiens de véritables perspectives de paix et de réconciliation sans une initiative multilatérale forte.

...LA DÉMOCRATIE...

L'Europe de la paix est aussi l'Europe de la démocratie.

Comment peut-on encore, aujourd'hui, présenter l'Europe comme un "machin" technocratique, alors que la démocratie a toujours été la condition de base de l'adhésion au projet européen ? Alors que l'Europe a été le facteur essentiel des six décennies de démocratie que nous venons de connaître ?

Alors que cette Europe a agi comme un aimant sur les pays dont l'adhésion est à présent imminente, avant même l'effondrement du mur de Berlin, et qu'elle a fourni l'amorce de la transition démocratique à l'Est ?

Une démocratie qui n'est pas de pure forme, mais qui demande un effort quotidien tendant à réduire les disparités entre les peuples et les régions, et qui repose sur un sens affirmé de la solidarité.

La différence et les exclusions que d'autres sociétés tolèrent ne sont pas acceptables en Europe.

C'est pourquoi l'Europe doit rester vigilante, pour éviter qu'en son sein ne se créent des "poches de pauvreté et de marginalisation", pour garantir à tous ses citoyens un niveau d'instruction adéquat, qui est la clé de l'émancipation personnelle, mais aussi de la croissance économique et sociale des peuples.

...LA DIGNITÉ HUMAINE...

L'idée et les valeurs mêmes sur lesquelles nous avons développé notre projet d'intégration continentale renvoient au principe de la dignité humaine. Par “dignité”, on entend le droit de vivre et de travailler et la réduction de la faim et de l'ignorance.

La volonté que manifestent certains États membres de favoriser l'inclusion sociale et les progrès qu'ils réalisent dans cette voie, pour ne citer que ce seul exemple, témoignent de ce qui peut être fait et de ce qui reste à faire en la matière.

L'Europe doit rester vigilante pour faire en sorte que, en cet instant où nous réformons nos systèmes de protection sociale, les réformes s'attachent aux instruments sans saper les principes qui les fondent.

Une démocratie, donc, étroitement liée à une certaine idée de la justice sociale, qui a toujours accompagné le processus d'intégration européenne et que l'Europe doit aujourd'hui proposer une nouvelle fois à ses membres ainsi que dans ses rapports avec le Nord et le Sud du monde.

C'est sur ces valeurs-là que nous devons fonder nos choix concernant les nouvelles priorités de la "grande Europe".

Des choix qui ne supposeront pas nécessairement tous une intervention active de la part de «Bruxelles». Des choix qu'il faudra replacer dans un système de gouvernance à plusieurs niveaux et bâti sur une subsidiarité qu'il convient surtout de concevoir comme un nouveau rapport entre la puissance publique et les forces les plus agissantes des sociétés européennes.

La participation à la vie politique et les diverses formes de partenariat associant la société civile sont indispensables à l'efficacité de l'action publique et à la compréhension des besoins de la population, ainsi qu'à la conception des solutions les plus aptes à répondre à ces besoins.

Ces choix doivent être caractérisés par une approche européenne forte, de plus en plus nécessaire et de plus en plus souhaitée par les citoyens européens.

L'EUROPE DES CHOIX

La stabilité internationale et la sécurité, nos relations avec les régions les plus proches, l'immigration, la croissance économique et le développement durable, la recherche, l'université et la participation citoyenne constituent les grandes priorités de l'Europe pour les années à venir.

UN MULTILATÉRALISME EFFICACE

Le rôle de l'Europe dans le monde doit refléter notre histoire commune et une nouvelle philosophie des relations internationales.

Notre choix d'un multilatéralisme efficace est à la base de la réussite de l'intégration européenne ; nous devons le proposer à nouveau avec force, comme instrument d'un nouvel ordre mondial multipolaire.

Notre confiance renouvelée aux Nations-Unies, en tant que pivot d'un nouveau système multilatéral, n'a donc rien qui doive surprendre.

Pour nous, « multilatéralisme » signifie : prendre au sérieux les règles de la politique internationale, aider tous les pays à appliquer et à respecter ces règles, jouer un rôle actif au sein des organisations multilatérales, anciennes et nouvelles, et promouvoir un agenda pour la paix et la stabilité qui transcende la simple défense des intérêts nationaux.

Cette démarche est indispensable pour gagner le défi de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme international, qui ne peut reposer uniquement sur des mesures de sécurité, certes nécessaires, mais nécessite également une stratégie à long terme contre les causes profondes du phénomène.

Pour pouvoir assumer de nouvelles responsabilités mondiales, l'Europe a besoin d'une plus grande présence et d'une action plus cohérente au sein des principales organisations internationales, comme elle doit dessiner progressivement une véritable défense commune européenne.

En Europe, cela suppose en particulier de renforcer le pilier européen de l'OTAN, une alliance qui réunit, telle un pont, les deux rives de l'Atlantique.

Dans le monde, cela suppose d'avancer dans la voie d'une représentation européenne unique et, pour commencer, au sein des organisations financières internationales.

UN NOUVEAU RÉGIONALISME

L'élargissement nous offre une autre grande opportunité politique : la construction d'une nouvelle et vaste zone de stabilité et de prospérité englobant toute la région qui entoure l'Union élargie, de la Russie à la Méditerranée.

La politique de voisinage de l'Union européenne, qui est le complément de sa stratégie d'élargissement, repose sur une nouvelle conception des frontières, envisagées non plus comme une ligne de séparation, mais comme un espace de dialogue, de coopération et d'échange.

En particulier, la Méditerranée, en tant que grand espace multiethnique traversé par des formes et des organisations sociales diverses, doit devenir une charnière de paix et de coopération au centre d'une vaste région politique et économique allant de l'Espagne à la Mer noire et au Golfe Persique. L'Europe, toute l'Europe, doit travailler à redécouvrir cette civilisation séculaire de la méditerranée, si chère à Braudel.

IMMIGRATION, INTÉGRATION ET SÉCURITÉ

Nous devrons ensuite élaborer une nouvelle politique de gestion de l'immigration légale, dans le cadre d'une coopération structurée entre le Nord et le Sud, qui concilie flux migratoires, situation du marché du travail européen et aspects interculturels.

Parallèlement, les évènements tragiques qui se produisent sur la scène internationale nous poussent à coopérer davantage dans la lutte contre les trafics illicites et les réseaux criminels transnationaux.

En outre, la dénatalité et le vieillissement démographique transformeront rapidement aussi les nouveaux pays membres de l'Union en une zone d'immigration nette, et justifieront encore plus une politique européenne commune.

Nous voilà bien loin à présent de cette crainte d'un afflux massif de travailleurs des pays de l'Est vers l'Europe des 15, qui ne se produira pas parce que l'intégration européenne offre à ces pays une perspective claire de développement économique et social. Et quand cette perspective existe, elle réduit nécessairement l'incitation à émigrer, comme l'ont montré les exemples de l'Italie, dans les années 60, ou de l'Espagne et du Portugal, dans les années 80.

UN NOUVEAU RAPPORT AU MARCHÉ

Chers amis,

La défense des valeurs et de la démocratie européennes suppose également de défendre un modèle fondé sur l'économie sociale de marché et de relancer la réflexion sur notre rapport au marché.

Le temps de la pensée unique est fini, comme a pris fin la prétendue supériorité absolue du marché sur le politique. Le marché ne produit de la prospérité et ne favorise le bien-être social qu'à la condition qu'existent des règles claires, auxquelles tous adhèrent et que tous respectent.

Le défi de la croissance et de la compétitivité peut être relevé et gagné sans faire fi, ni du dialogue et des interactions entre les composantes de la société, ni du respect mutuel, ni de la nécessité de donner de véritables perspectives de développement équilibré et durable.

Aujourd'hui, l'Europe se trouve dans une situation économique languissante et on a l'impression qu'une sorte de résignation du corps social européen à un chômage de masse s'est abattue sur le continent européen.

Nous devons nous inscrire en faux contre cette tendance !

D'autres économie ont réussi à sortir de l'impasse et nous pouvons aussi le faire.
Comment ?

La zone euro a un fort besoin d'une nouvelle governance économique et sociale, d'une alliance pour la reforme, coordonnée au niveau européen.

Un renforcement de la capacité du politique à gouverner l'économie européenne est indispensable pour affronter les difficultés économiques à l'intérieur de l'Union et pour contribuer, au-delà de ses frontières, à encadrer la mondialisation.

Le problème actuel de l'Europe réside dans son incapacité à adapter ses politiques, ses modèles d'organisation et les instruments de ses systèmes économiques et productifs à un monde et à des marchés qui ont été profondément transformés par la mondialisation, l'innovation technologique et une concurrence toujours plus ouverte.

« L'UNION DES CERVEAUX »

Dans le contexte de l'élargissement, il faudra trouver un nouvel équilibre entre les exigences de compétitivité économique et la nécessité d'assurer un degré suffisant de cohésion sociale.

Pour gagner, nous devons parier sur la qualité, sur le développement technologique, sur l'innovation et, de manière plus générale, nous devons valoriser le capital humain, par un effort de confiance et de collaboration réciproque entre les autorités publiques, les partenaires sociaux et la société civile.

Il faudra, en outre, renforcer la capacité de recherche européenne, en accroissant l'effort financier global pour la recherche à concurrence de 3 % du PIB européen et en soutenant l'excellence dans la recherche, dans un véritable marché intérieur européen de la recherche et de la technologie.

Cela implique l'établissement de nouveaux partenariats entre les secteurs public et privé, la création de nouveaux pôles d'excellence européens et le développement de nouvelles synergies entre les politiques de recherche nationales.

L'Europe doit être tout d'abord une «union des cerveaux» et même de plusieurs «unions», en conjurant les risques de fuite des cerveaux par une réelle mobilité dans l'espace européen favorable au transfert de connaissances et aux échanges culturels, et permettant également de renforcer l'intégration, la cohésion interne et le développement d'une communauté scientifique et technologique unique sur le continent.

Voulons-nous nous unir et unir nos efforts ou souhaitons-nous au contraire être les artisans de notre propre déclin en restant divisés ?

Pour réaliser tous ces objectifs, une nouvelle organisation du système universitaire européen est également nécessaire en vue de le rendre plus compétitif, en renforçant son pouvoir d'attraction au niveau mondial et en favorisant encore davantage la mobilité.

Je tiens à vous dire, à vous justement, en cette Académie des Sciences Morales et Politiques, qu'il est indispensable que le système universitaire européen ne perde jamais de vue la formation de l'individu, qui doit être sa principale mission.

La formation humaniste et scientifique ne doit pas être coupée du progrès technologique et de la spécialisation académique. L'université européenne doit continuer de communiquer un savoir et non une technique. Si nous perdons de vue la personne au centre de la formation, nous perdons de vue notre civilisation, nous oublions notre histoire.

SOLIDARITÉ ET PACTE POLITIQUE

En outre, la réduction des inégalités et la promotion d'une plus grande cohésion économique, sociale et territoriale devront garantir une répartition plus juste des bénéfices de la croissance.

La politique de solidarité jouera un rôle encore plus important dans l'Europe élargie. Nous devons donc maintenir ce choix de fond et mettre encore plus directement que par le passé la politique de cohésion au service de l'emploi et de la compétitivité.

Cette solidarité, cependant, ne se réduit pas à une question d'économie et de flux financiers : elle est fondée sur un lien politique fort et fait partie du «destin désormais partagé» déjà cité dans le préambule du traité de Paris de 1951 qui lie tous les pays et les peuples de l'Union.

L'Europe est un projet politique global, ce n'est pas une simple assurance économique !

Enfin, un niveau adéquat de services d'intérêt général dans des secteurs tels que la santé, l'éducation, l'énergie, les transports, les télécommunications ou les services postaux fait partie intégrante d'un modèle européen visant à renforcer toujours davantage la dimension européenne de la citoyenneté et de la participation civique.

La citoyenneté doit être concrète et tangible, les citoyens doivent pouvoir la vivre au quotidien. Ce n'est qu'ainsi que la citoyenneté prend substance et dépasse les déclarations d'intentions contenues dans les accords entre gouvernements.

L'euro, par exemple, contribue plus que nombre de déclarations politiques au développement d'une identité commune européenne.

La «citoyenneté au quotidien» implique également un renforcement des mesures visant à promouvoir la mobilité des jeunes en Europe, non seulement en matière d'éducation, mais aussi dans les secteurs du volontariat et du service civil.

En effet, seules des expériences communes permettent de développer ce sens d'appartenance à une communauté qui dépasse les frontières historiques des États nations.

Chers amis,

voici quelques-unes des grandes priorités sur lesquelles nous devrons concentrer nos efforts au cours des années à venir.

Pour parvenir à ces objectifs, qui apparaissent tous dans les différentes déclarations des chefs d'État et de gouvernement européens de ces dernières années, de Lisbonne à Bruxelles, il nous faut un important aménagement constitutionnel et des ressources suffisantes.

UN NOUVEL AMÉNAGEMENT CONSTITUTIONNEL, UNE MÉTHODE...

L'adoption du projet de constitution d'ici juin, au cours de la Présidence irlandaise, est encore envisageable et nous devons tout faire pour y arriver.

La nouvelle constitution représente sans aucun doute un pas en avant important vers davantage d'efficacité, de simplicité et de clarté.

Pour unir les peuples européens, nous avons besoin d'un aménagement institutionnel favorisant l'intégration, la coopération, l'harmonie entre les États.

Tel était le message des pères fondateurs, que j'ai voulu rappeler pendant les travaux de la Convention,

[bien résumé par la phrase de Jean Monnet : Je n'ai jamais pensé qu'on pouvait changer la nature des hommes. Mais en modifiant le contexte dans lequel ils agissent, en leur donnant les mêmes règles, les mêmes institutions démocratiques, on peut les amener à se comporter différemment les uns vis-à-vis des autres. Dans la Communauté, les Européens apprennent ainsi à vivre ensemble comme un même peuple. Nous ne coalisons pas les États, nous unissons les hommes".]

Les succès obtenus en plus d'un demi-siècle d'intégration, grâce à la méthode communautaire, grâce à la coopération entre le Conseil, le Parlement européen et la Commission, sous le contrôle juridictionnel de la Cour de justice, constituent nos points de référence et notre source d'inspiration pour l'avenir et face aux nouveaux défis auxquels nous sommes confrontés.

C'est une méthode équilibrée et efficace, qui garantit les prérogatives des gouvernements, permet l'exercice d'un contrôle démocratique et assure la cohérence de l'exécutif.

Une méthode qui permet à l'Europe d'exister et d'agir !

...ET DES INSTRUMENTS POUR EXISTER ET AGIR

Toutefois, pour exister et agir, une méthode ne suffit pas: il faut également disposer de ressources et d'instruments adéquats, à la hauteur de nos ambitions.

Nous avons proposé, non sans difficultés, pour la période de financement 2007 - 2013, de conserver l'actuel plafond des ressources propres, qui s'élève à 1, 24 % du produit national brut européen.

Nous sommes convaincus que ce montant constitue le minimum nécessaire pour obtenir des résultats concrets.

L'absence de ressources adéquates ne permettrait pas de mieux contrôler le budget, mais aurait pour conséquence une diminution de la prospérité et du bien-être de tous les Européens.

Les dépenses de l'Union sont au service des gouvernements et des peuples européens et représentent souvent le seul moyen de faire face aux problèmes supranationaux avec efficacité.

Tels sont, chers amis, le sens et la portée du défi auquel nous sommes confrontés.

Le moment de choisir est de nouveau venu pour notre Union.

Nos choix doivent être courageux et tournés vers l'avenir.

Ils doivent être fondés sur un sens des responsabilités élevé et ne peuvent ni être influencés par des intérêts minoritaires et particuliers ni être soumis à des exigences tactiques à court terme.

Ces choix doivent être à la hauteur de nos ambitions et des attentes que l'Union fait naître en Europe et dans le monde entier.

Je vous remercie.

A propos de Romano Prodi

Romano Prodi est né en 1939 à Scandiano (près de Reggio Emilia, en Italie). En 1969, il a épousé Flavia Franzoni; ils ont deux fils, Giorgio et Antonio.

Après un baccalauréat classique au Lycée Ludovico Ariosto de Reggio Emilia, il a fait ses études de droit à l'Université Catholique de Milan, où il a obtenu une licence avec mention en 1961, et défendu un mémoire sur le protectionnisme dans le développement de l'industrie italienne, sous la direction du Professeur Siro Lombardini. Il a ensuite poursuivi ses études dans les universités de Milan et de Bologne, puis a entrepris une spécialisation à la London School of Economics sous la direction du Professeur Basil Yamey, titulaire de la chaire d'Industrial Economics.

Il a été professeur invité auprès de l'Université d'Harvard et à l'Institut de recherche de Stanford.

M. Prodi a commencé sa carrière universitaire à la section d'économie et à faculté de Sciences politiques de l'Université de Bologne, où il a travaillé comme assistant (1963), comme professeur adjoint (1966) et enfin comme professeur (de 1971 à 1999), enseignant l'organisation industrielle et la politique industrielle.

Outre l'enseignement universitaire, M. Prodi a mené une intense activité de recherche qui s'est orientée, dans un premier temps, sur deux sujets désormais classiques dans les études d'économie industrielle: le développement des petites et moyennes entreprises et des zones industrielles (son Modello di sviluppo di un settore in rapida crescita: l'industria della ceramica per l'edilizia, publié en 1966, - Modèle de développement d'un secteur à croissance rapide: l'industrie de la céramique dans le bâtiment - est l'un des premiers essais sur le sujet) et la politique de concurrence (Concorrenza dinamica e potere di mer cato - Concurrence dynamique et pouvoir de marché - 1967). Dans la littérature internationale, son nom figure à côté de ceux de Giacomo Becattini, Franco Momigliamo et Paolo Sylos Labini parmi les fondateurs de "l'École italienne d'Économie industrielle".

Par la suite, son champ de recherche s'est élargi pour inclure l'étude des relations entre État et Marché; les politiques de privatisation; le rôle central joué par les systèmes scolaires dans la promotion du développement économique et de la cohésion sociale; le processus d'intégration européenne et, au lendemain de la chute du Mur de Berlin, la dynamique des différents "modèles de capitalisme". Il capitalismo ben temperato (Le capitalisme bien tempéré - 1995) (recueil d'essais publiés au cours de la première moitié des années quatre-vingt-dix dans la revue "il Mulino) et Un'idea dell' Europa (Une idée de l'Europe) (Bologne, 1999) offrent une synthèse des réflexions dans tous ces domaines.

De 1974 à 1978, il a présidé la maison d'édition Il Mulino. En 1981, il a fondé Nomisma, l'une des principales sociétés italiennes d'études économiques et jusqu'en 1995, il en a présidé le Comité scientifique.

Il a écrit des éditoriaux pour les principaux quotidiens italiens, tels que le Corriere della Sera et Il Sole 24 Ore. Pendant de nombreuses années, il a dirigé l'Industria-Rivista di economia e politica industriale (L'Industrie - Revue d'économie et de politique industrielle). En 1992, il a dirigé sur la chaîne RAIUNO le programme télévisé "Il tempo delle scelte" (Le temps des choix), une série de six leçons d'économie.

De novembre 1978 à mars 1979, Romano Prodi a été ministre de l'Industrie. De novembre 1982 à octobre 1989, il a été président de l'Istituto per la Ricostruzione Industriale - Institut pour la reconstruction industrielle (IRI) - qui était à l'époque la première holding italienne. Sous sa présidence, l'Institut a traversé une phase d'assainissement approfondi, lançant également le processus de transformation et préparant les entreprises à la privatisation.

Rappelé à la tête de l'Institut en mai 1993, Romano Prodi a mené à terme la privatisation de grandes sociétés telles que le Credito Italiano et la Banca Commerciale Italiana.

En février 1995, il a fondé la coalition de centre-gauche, "l'Olivier", qui l'a désigné comme son candidat à la Présidence du Conseil des ministres lors des élections. Ces dernières, qui se sont déroulées en avril 1996, ont vu l'Olivier l'emporter sur la coalition de centre-droit: aussi, en mai 1996, le Président de la République a-t-il chargé Romano Prodi de former le nouveau gouvernement. Après avoir obtenu la confiance des Chambres au cours de ce même mois de mai 1996, le gouvernement Prodi est resté au pouvoir jusqu'en octobre 1998, et est notamment parvenu à ce que l'Italie fasse partie du groupe de tête des pays adhérents à la zone euro.

En mars 1999, le Conseil européen a nommé Romano Prodi Président de la Commission européenne à Bruxelles, nomination qui a été confirmée en septembre 1999 par le vote de confiance du Parlement européen.

Au cours de sa carrière universitaire et politique, Romano Prodi s'est vu attribuer divers titres honorifiques. Il a été nommé Honorary Fellow de la London School of Economics and Political Science (1989) et membre honoraire de la Real Academia de Ciencias Morales y Politicas de Madrid (1997). En mai 1999, il a reçu le prix Schumpeter de la Société Schumpeter de Vienne.

Il s'est également vu décerner des titres honorifiques par l'Université de Madras, Inde (janvier 1998), l'Université de Sofia, Bulgarie (février 1998), la Universitat Politecnica de Barcelone, Espagne (décembre 1998), la Brown University, États-Unis (mai 1999), la University of Michigan, États-Unis (décembre 1999), l'Académie d'Études économiques de Bucarest, Roumanie (janvier 2000), l'Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve, Belgique (février 2000), l'Université de Malte (mars 2000), l'Université de Modène-Reggio Emilia, Italie, l'Université d'Ottawa, Canada, le Prix de la Liberté décerné par l'Université de St Gallen, Suisse (2000), l'Université de Kyung Hee, Séoul, Corée (octobre 2000), l'Université de Pise, Italie (octobre 2001), l'Université de Tirana, Albanie (novembre 2001), l'Instituto de Empresa de Madrid, Espagne (Diplôme MBA, février 2002), la Oxford University, Royaume-Uni (avril 2002), l'Université de Pavie (Médaille d'or en économie, 2002), l'Université de Skopje (février 2003), ainsi que le titre de docteur honoris causa de l'Université de Tunis (mars 2003).

Principales publications

- Modello di sviluppo di un settore in rapida crescita: l'industria della ceramica per l'edilizia, Franco Angeli, Milan, 1966
- Concorrenza dinamica e potere di mercato. Politica industriale e fusioni d'impresa, Franco Angeli, Milan, 1967
- La diffusione dell'innovazione nell'industria italiana, Il Mulino, Bologne, 1973
- Sistema economico e sviluppo industriale in Italia, Il Mulino, Bologne, 1973
- "Italy", in Big Business and the State: Changing Relations in Western Europe, éd. R. Vernon, Harvard University Press, Cambridge Mass., 1974
- "Le trasformazioni dei modi di produrre e delle dimensioni delle imprese", in Quali imprese e quali uomini per la società degli anni '80, éd. C. Pastore, Milan, 1977
- "Un diverso modello per uscire dalla crisi", in Industria in crisi: soluzione nazionale o europea ?, éd. F. Grassini, Franco Angeli, Milan, 1978
- "Italia" dans L'intervento pubblico nell'industria : Un'analisi comparata, éd. R. Vernon, Il Mulino, Bologne, 1978
- Per una riconversione e ristrutturazione dell'industria italiana, Il Mulino, Bologne, 1980
- "La crisi delle partecipazioni statali : Conseguenze economiche di faticosi processi di decisione", L'Industria, n°1, 1990
- "La dimensione economica dei nuovi equilibri europei" (discours d'ouverture de l'année universitaire 1989-90, Université de Bologne), L'Industria, n° 1, 1990
- "C'è un posto per l'Italia fra i due capitalismi?", Il Mulino, n°1, 1991
- "Una crisi non solo politica: L'industria italiana a rischio", Il Mulino, n° 5, 1991
- "Modello strategico per le privatizzazioni", Il Mulino, n°5, 1992
- Il tempo delle scelte, Il Sole 24 Ore Libri, Milan, 1992 (2ème édition 1995)
- "Privatizzazioni e sviluppo delle piccole e medie imprese : Due grandi occasioni per rifondare la politica industriale in Italia", Rivista di politica economica, X (octobre 1992), en collaboration avec Daniele de Giovanni
- "La società istruita. Perché il futuro italiano si gioca in classe", Il Mulino, n° 2, 1993
- "Istituzioni economiche, istituzioni politiche", Il Mulino, n°6, 1995, en collaboration avec Franco Mosconi
- Governare l'Italia, Manifesto per il cambiamento, Donzelli, Rome, 1995
- L'Italia che vogliamo, Donzelli, Rome, 1995
- Il capitalismo ben temperato, Il Mulino, Bologne, 1995
- Economia e istituzioni nella società di fine secolo, en collaboration avec Franco Mosconi, dans "Cambiamento delle istituzioni e nuovo sviluppo in Italia e in Europa", éd. P. Bianchi, supplément à la revue L'Industria, Il Mulino, Bologne, 1996
- Un'idea dell'Europa, Il Mulino, Bologna, 1999 (Édition anglaise "Europe as I see it", Blackwell/Polity, Oxford, 2000
- Édition espagnole "Una idea de Europa", Alianza Editorial, Madrid, 2000)
- Édition roumaine "O viziune asupra Europei", Plural, Bucarest, 2001
- Édition serbe "Moja Evropa", BMG, Belgrade, 2002
- Édition ukrainienne "ЗΑДУМ ОБ'ЄДНΑΗОЇ ЄВΡОПИ", KIC, Kiev, 2002).

Liens Internet

Académie des sciences morales et politiques
Le site Internet de Romano Prodi (site en italien)
Le CV de Romano Prodi sur le site portail de l'Union européenne

Cela peut vous intéresser