Jean Mesnard : Se connaître soi-même, pourquoi, comment ?

Le philosophe, de l’Académie des sciences morales et politiques, présente le thème du colloque de la Fondation Ostad Elahi, avec son délégué général Marc Piévic

"Se connaître soi-même, pourquoi, comment ?" Tel est le titre du colloque présidé par l’académicien Jean Mesnard, organisé, sous l’égide de l’Académie des sciences morales et politiques, par la Fondation OSTAD ELAHI - Ethique et solidarité humaine, pour la XIe journée de la solidarité humaine le 15 septembre 2012. Canal Académie retransmettra sur plusieurs semaines la majorité des interventions des conférenciers invités. En voici la présentation générale par Jean Mesnard et Marc Piévic, délégué général de cette fondation.

Face à la multiplication des disciplines prenant désormais pour objet l’individu et son rapport à soi, il est devenu difficile de comprendre réellement la signification actuelle d’une « connaissance de soi » dont le sens profond n’a pas manqué d’évoluer et de se diversifier depuis l’exhortation initiale de Socrate : « Connais-toi toi-même ! ».
Cette quête de sens qui habite l’être humain et la confrontation de celle-ci au monde « extérieur » anime le colloque Se connaître soi-même, pourquoi, comment ? organisé par la Fondation OSTAD ELAHI - Ethique et solidarité humaine, à l’occasion de la XIe journée de la solidarité humaine , le 15 septembre 2012.

Pour présenter ce colloque, Canal Académie accueille deux invités : - Jean Mesnard, professeur émérite de littérature française à l’Université Paris IV Sorbonne, éminent philosophe spécialiste de Pascal et fin connaisseur de tous les grands penseurs du XVIIe siècle, élu à l’Académie des sciences morales et politiques en 1997, dans la section philosophie. - et Marc Piévic, délégué général de la Fondation Ostad Elahi-Ethique et Solidarité humaine, qui nous en présente l’histoire, la vocation et les activités, en annonçant également le programme et les intervenants de ce colloque.

Connaissance de soi et solidarité humaine

En préambule Marc Piévic explique le choix du thème de la connaissance de soi pour ce colloque et les rapprochements possibles entre les mots Connaissance de soi- Ethique- Solidarité.

La connaissance de soi est en effet, rappelle-t-il, un thème central dans la pensée d’Ostad Elahi. C’est grâce à elle que l’homme peut s’engager dans un processus de transformation de soi absolument nécessaire, pour le grand sage, à l’accomplissement de sa propre nature éthique et spirituelle.
Ostad Elahi fait lui-même le lien entre solidarité-éthique et connaissance de soi : « Lorsque l’homme réfléchit à son origine, à sa destination et aux raisons pour lesquelles il se trouve dans ce monde, il est à l’étape de la connaissance de soi. La condition sine qua non de la connaissance de soi est de devenir un véritable être humain, c’est-à-dire de vouloir pour les autres le bien que nous voulons pour nous-mêmes. La mise en pratique de cette devise mène l’homme au point où toutes les qualités inhérentes à l’humanité émanent spontanément de sa personne. »

L’occasion pour Marc Piévic de retracer aussi, brièvement, la personnalité d’Ostad Elahi, né en Iran en 1895 et décédé en 1974, humaniste, sage contemporain, philosophe héritier d’une riche tradition persane, magistrat qui a contribué à l’implantation du système judiciaire moderne de l’Iran, et également très grand musicien.

Un colloque qui tiendra donc beaucoup à la personnalité complexe et à la sagesse d’Ostad Elahi et qui tentera d’apporter, en cette XIe Journée de la solidarité humaine, une réflexion approfondie sur la notion de solidarité et sur son rapport à la connaissance de soi. Rappelons que cette Journée a lieu chaque année, le week-end le plus proche du 11 septembre et met l’accent sur une thématique participant à la construction d’une perspective universelle de l’éthique et de la solidarité. Au fond, il s’agit d’une tentative volontaire pour relier les hommes au lieu de les diviser…

De la connaissance à la conscience de soi

Pour Jean Mesnard, éminent professeur de philosophie et membre de l’Académie des sciences morales et politiques, le thème de la connaissance de soi est particulièrement pertinent pour notre époque.
Cet humanisme présent chez certains penseurs persans -assez proche d’ailleurs de l’humanisme classique et moderne occidental-, est un élément fondamental de cette connaissance de soi, qui se heurte pourtant aujourd’hui à un certain nombre de constantes qui lui sont antagonistes : la violence, la confusion entre les valeurs, l’absence de solidarité... La société actuelle se retrouve au centre d’une contradiction : «la connaissance de soi est à la fois ce qu’il y a de plus profond et de plus ancien dans la tradition occidental et ce qui semble aujourd’hui le plus compromis».
Ce mépris de soi, se refus d’en acquérir une connaissance, n’est rien de plus qu’un «mépris voilé de l’Humanité dans son ensemble». Le philosophe rappelle très simplement que la connaissance de soi fait toujours couple avec la conscience de soi, et que c’est cette conscience qui donne à l’homme sa noblesse, et le distingue ainsi des bêtes sauvages.



L’objet de la connaissance de soi : l’Humanité

Quel serait alors l’objet de la connaissance de soi ? Celle-ci prête un caractère central au domaine de l’humain et lui offre dans le même temps une certaine autonomie. Elle fait de la vie intérieure, mais aussi des différences extérieures existant au sein de l’Humanité, des données essentielles : «la connaissance de soi recouvre des aspects très divers et ne peut d’une certaine façon se dérouler en dehors du social». Elle prend en compte l’homme dans son aspect général et dans son individualité. C’est en cela que le soi diffère du moi : le soi est porteur d’une humanité qui échappe au moi, il est transcendantal, support d’une humanité insérée en chaque homme.

Vers la construction d’un soi

Quant à la question des moyens de cette connaissance de soi, on retrouve ici le grand clivage de la pensée moderne. Les moyens sont à la fois pensée et science : «l’observation et l’expérience mais aussi le développement d’une connaissance intérieure», le corps, l’esprit et le cœur pascaliens, pour Jean Mesnard.

La connaissance de soi comprend alors différentes finalités : la destruction, la définition ou encore la construction de soi. Cette construction se fait perpétuelle car aucun « soi » n’est jamais définitivement fixé mais en constante évolution. Voila ce qui rend la connaissance de soi si importante pour le développement personnel de chaque individu.

Un colloque qui s’annonce riche et passionnant. Ne manquez pas : Se connaître soi même, pourquoi comment ?, organisé pour la XIe édition de la Journée de la solidarité humaine, le 15 septembre 2012, de 9h15 à 17h, au centre Sèvres, 35 rue de Sèvres dans le 6ème arrondissement de Paris.
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->http://www.fondationostadelahi.fr/]

Pour aller plus loin écoutez Marc Pévic rappeler, en fin d’émission, le programme de cette journée réjouissante.

Le colloque animé par Jacques Paugam, écrivain et journaliste, accueillera dans la matinée, pour débattre des questions d’objet de la connaissance de soi :

- Jean Mesnard, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, professeur émérite de philosophie à l’Université Paris-I Panthéon Sorbonne avec La connaissance de soi dans la perspective des trois ordres pascaliens
- Pierre Guénancia, professeur d’histoire de la philosophie moderne à l’Université de Bourgogne avec Soi-même et tous les autres
- Marie-France Hirigoyen, psychiatre, psychanalyste, thérapeute familial systémique avec La connaissance de soi : un enjeu de société
- Christiane Rancé, écrivain et journaliste avec Penser mon essence d’être humain

En seconde partie de journée, d’autres invités débâteront des moyens et de la finalité de cette connaissance de soi :

- Pierre-Marie Morel, professeur d’histoire de la philosophie ancienne au département de sciences humaines de l’ENS de Lyon avec Les dangers de la connaissance de soi. Critique épicurienne d’une illusion
- Elsa Godart, docteur en philosophie et en psychologie de l’Université Paris IV Sorbonne avec Comment parvenir à la connaissance de soi ?
- Jérôme Sackur, maître de conférences en sciences cognitives à l’ENS Ulm avec Introspection et métacognition : vers une analyse cognitive de la connaissance de soi ?

Retrouvez en fin d'article, l' allocution de Jean Mesnard

Canal Académie retransmettra ces interventions au fil des prochains mois.

Statut de la Fondation Ostad Elahi

La Fondation Ostad Elahi-éthique et solidarité humaine est une fondation reconnue d'utilité publique créée par décret du Premier ministre le 27 janvier 2000. Elle possède le statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations Unies. Le Conseil de l'Europe et l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sont membres de droit de son Conseil d'administration. Son président fondateur est M. Bahram Elahi, professeur émérite de chirurgie infantile.

Fondation Ostad Elahi - éthique et solidarité humaine
59, avenue Victor Hugo 75116 Paris
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