"Rêveries italiennes", un livre de Dominique Fernandez, de l’Académie française, photographies de Joël Laiter

Une Italie secrète, mystérieuse, révélée par l’académicien au micro de Marianne Durand-Lacaze
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Dans ce bel ouvrage, sur les photographies de Joël Laiter, d’une Italie secrète, intime, d’une tonalité d’un bleu lunaire, entre extérieurs et huis-clos, Dominique Fernandez a écrit un texte Le caprice et la mesure, deux caractéristiques à ses yeux du génie italien qu’on retrouve dans ces images. Loin de l’Italie solaire qu’il aime tant, celle de Naples, il nous permet de saisir combien, dans cette Italie du Nord, le caprice, la fantaisie, est innervent toujours la mesure.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : pag1116
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Dans Rêveries italiennes publié par Imprimerie Nationale Éditions et Actes Sud, paru le 3 octobre 2012, la plume de Dominique Fernandez, de l’Académie française, ouvre le bel ouvrage de 200 pages, comprenant près de 168 photographies de l’artiste photographe Joël Laiter qui effectue de nombreux séjours en Italie depuis trente ans. L’académicien signe là un éloge au génie italien dans un texte intitulé Le caprice et la mesure.

Il écrit : Nous savions, certes, que tout est beau et harmonieux de l’autre côté des Alpes, mais nous ignorions que la brillante scénographie qui est à l’œuvre dans chaque église, dans chaque palais, dans chaque élément du décor de la vie quotidienne, abrite avec autant d’élégance ces valeurs de recueillement, de silence, de secret.

Un énième livre d’art sur l’Italie ? Pas vraiment. Une rencontre entre un photographe qui sait saisir le charme du génie italien et un écrivain qui loue depuis sa jeunesse l’art et l’Italie à travers ses romans, ses essais, son Dictionnaire amoureux de l’Italie et ses récits de voyages, tels que Naples paru en 2011 et Sicile paru en 2006 avec le photographe Ferrante Ferranti chez le même éditeur dans lesquels il met en lumière avec une constante passion, les arts de l’Italie.

Dominique Fernandez, parle d’un goût unique de la beauté qu’appréciaient autrefois les Italiens tous milieux sociaux confondus sur les œuvres qui les entouraient. Cette Italie disparaîtrait noyée par l'omniprésence de la société de consommation dans tous les domaines.

Dans ce livre, point d’utilité, mais de la rêverie, point de chronologie, de catégorisation, point d’explications didactiques ou de commentaires, l’écrivain et le photographe offrent une partition visuelle qui laisse le lecteur tout à fait libre de poser son regard sur telle ou telle page. Il n’y a pas d’ordonnancement contraignant. On peut l’ouvrir n’importe où. L’effet est le même, celui d’une invitation où le plaisir de l’œil est avant tout privilégié ! Quant au texte de Dominique Fernandez, il ouvre le bal accompagné des photos de Laiter puis au fil des pages, les photos prennent le relais des mots.

Dominique Fernandez préfère habituellement le cheminement intellectuel. Il a trouvé un réel plaisir à découvrir des images d'une Italie dont on ne pouvait pas identifier l'endroit exact ou le monument. J'étais très content de m'arrêter à des choses que je ne connaissais pas. Avec le cheminement, on a une idée préconçue, un but. Dans ce livre, il n'y a rien de comparable, c'est une rêverie, une simple flânerie, des aperçus de la beauté italienne. Derrière une expérience qui peut apparaître simple pour le lecteur, se cachent des années de travail pour le photographe Joël Laiter capable de dénicher un détail de façade de toute beauté dans un village perdu de la plaine du Pô.

Pour nous, voilà une occasion nouvelle d'écouter Dominique Fernandez parler de musique, de peinture, du sens de la scénographie des Italiens, de la photographie. À ses yeux, si la Russie est un pays de la démesure, la France manquerait parfois d'un peu de fantaisie, de ce caprice, de cette harmonie si particulière à l'Italie.

Retrouvez sa plume légère, incisive qui nous décrit cette fois l'envers de l'Italie bruyante, agitée, remuante et solaire. Le Bleu n'est pas la couleur italienne principale, du moins une des couleurs affichées par le drapeau national, le vert, le blanc, le rouge. C'est la couleur de l'intimité, de l'apaisement, du silence, du rêve, la couleur nécessaire dans ce pays de trop vive clarté, la couleur refuge qui permet de maintenir l'équilibre entre l'extérieur et l'intérieur, entre le caprice et la mesure. "Bleu" se dit en Italien : azzuro. L'azur pour les Italiens, se distingue de la violence crue du soleil : alors que celle-ci éblouit, aveugle, celui-là rassérène, rend aux yeux leur pouvoir de regarder, d'admirer.

Dominique Fernandez, de l’Académie française, 4 octobre 2012
© Canal Académie


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