Comment Claude Lévi-Strauss a donné ses archives au département des Manuscrits de la BNF

Le conservateur Catherine Faivre d’Arcier raconte l’arrivée des écrits de l’anthropologue, de l’Académie française...et quelques surprises !
Claude LÉVI-STRAUSS
Avec Claude LÉVI-STRAUSS de l’Académie française,

Catherine Faivre d’Arcier, conservateur au département des Manuscrits de la Bibliothèque Nationale de France, relate les circonstances dans lesquelles Claude Lévi-Strauss, de son vivant, a donné la majeure partie de son oeuvre à la BNF. Le fonds recèle de découvertes incroyables sur la vie et l’oeuvre de l’académicien.

Claude Lévi-Strauss, de son vivant en 2007, a donné la quasi totalité de son oeuvre au département des Manuscrits de la BNF. Cette dernière a bien de quoi se réjouir : les manuscrits les plus importants de l'histoire de l’anthropologie française y ont fait leur entrée. Explications de notre invité Catherine Faivre d'Arcier, conservateur à la BNF :

« Le fonds est entré en 3 étapes. D'abord par le biais d'un achat. La BNF a acheté une partie de ses archives notamment ses fichiers de travail, ses fichiers linguistiques, des carnets, sa thèse, une partie des Mythologiques. Ensuite, M. Lévi-Strauss a offert une autre partie de son fonds, la plus belle, elle comprenait Tristes tropiques, L'anthropologie structurale I et II, des Mythologiques. Tout ceci est entrée en droit de dation. Enfin, tout le reste de ses oeuvres : manuscrits, documents de travail, dactylographie, sa correspondance, des papiers personnels et des objets sont entrés par le biais d'un don. Ce sont 3 modalités d'entrée qui peuvent être utilisées et les 3 l'ont été»

Ainsi, plusieurs types de support cohabitent et c'est précisément ce qui touche le plus notre invitée Catherine Faivre d'Arcier : «Ce fonds permet de saisir l'homme dans son ensemble. Il est très complet. Il couvre vraiment l'ensemble de la vie du personnage. On découvre une partie de ses origines, une partie de son histoire familiale. On suit son enfance, sa jeunesse, ses expéditions au Brésil, sa vie professionnelle, sa vie scientifique, ses relations, ses voyages, une partie de sa vie artistique notamment les dessins qui ont servi aux décors d'une pièce de théâtre. Il aimait dessiner et on trouve notamment beaucoup de dessins de chats...»

Le célèbre incipit de Tristes Tropiques de Claude Lévi-Strauss, NAF 28150 (9), f. 1.

Parmi tous les objets ayant appartenu à Claude Lévi-Strauss, se trouve sa fameuse machine à écrire, celle qui a servi à l'écriture de nombreux ouvrages comme Tristes tropiques. Catherine Faivre d'Arcier nous raconte une anecdote : «cette machine est de fabrication allemande, elle est donc doté d'un clavier allemand... Claude Lévi-Strauss l'avait acquise d'occasion à Sao Paulo avant de partir en expédition chez les Nambikwaras. Il a gardé cette machine pendant 20 ans et s'y est tellement bien habitué qu'il n'a plus jamais voulu changer de clavier par la suite ! Quitte même à les faire modifier à sa demande pour les besoins du français.»

De tendres souvenirs reparaissent sous les yeux des personnels privilégiés de la BNF : petits portraits des ancêtres, un livre de cuisine de sa grand-mère, des jetons de nacre utilisés par napoléon III. C'est une grande partie de l'histoire qui défile sous les yeux. Pour ce qui est de l'écriture de l'écrivain, Lévi-Strauss la comparait à du bricolage : «souvent il rédigeait un premier jet manuscrit qu'il mettait au propre sous la forme d'une dactylographie très aérée qu'il corrigeait avec du blanc et de gros feutres noirs. Il réécrivait dessus avec des crayons, il repassait pour une nouvelle correction et cette fois-ci à l'aide de dactylographie. Il copiait, recollait et il y a donc souvent plusieurs couches sur le papier.»

Catherine Faivre d’Arcier, conservateur à la BNF

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