Caroline Martin : ses études sur le service au tennis récompensées

Entretien avec la lauréate de la Bourse nationale Lauréal-UNESCO- Académie des sciences

Caroline Martin, joueuse de tennis, fait partie des 25 femmes récompensées le 8 octobre 2012 par la Bourse nationale L’Oréal France-UNESCO-Académie des sciences. Cette Bourse de 15 000 euros va lui permettre de continuer sa thèse sur l’optimisation du service au tennis, un geste sportif très traumatisant pour les joueurs professionnels comme pour les amateurs.

Ex n°7 junior française de tennis et ancienne championne de Lorraine senior, Caroline Martin s'est toujours posé des questions relatives à l'optimisation des performances dans son sport, c'est pourquoi elle est passée du cours de tennis aux cours de l’Université de Rennes II (rattachée à l'ENS Cachan), pour des études en sciences et techniques des activités physiques et sportives, qu'elle a ensuite poursuivies en doctorat. Ce qui l'intéresse : la coordination entre les segments et les articulations lors de cet effort physique qu'est le service.

Son sujet de thèse, "Optimisation biomécanique de service au tennis, amélioration de la performance et réduction des risques de blessures articulaires" l'amène à décortiquer le service pour «s'intéresser aux performances mais sur un plus long terme comme le temps d'une saison, d'un tournoi ou même d'une carrière il faut que les joueurs soient capables de répéter des performances sans se blesser et en optimisant la vitesse de balle.»

Des capteurs placés sur des joueurs permettent de décomposer leur mouvement lors d’un service

Le service, un mouvement à répétition pour les joueurs est traumatisant surtout pour les articulations du membre supérieur : épaule, coude ou encore le dos. Caroline Martin, pour sa thèse s' intéresse au membre supérieur principalement. Pour mener ses recherches, elle dispose au Laboratoire Mouvement, Sport, Santé (M2S) de Rennes II, d'un système optoélectrique qui lui permet de capturer les mouvements en 3D des joueurs. Elle a enregistré par exemple, à l'aide de capteurs (voir photo) les mouvements lors d'un service chez des joueurs professionnels lors du tournoi de Moselle, mais aussi sur des amateurs afin de pouvoir émettre des comparaisons pour analyser les différentes blessures qui peuvent naître : «chez les amateurs, les services sont moins efficients dans la mesure où ils atteignent des vitesses de balle plus faibles et ils encaissent des contraintes articulaires qui sont plus élevées. Ils sont moins performants que des professionnels mais ils risquent des blessures de façon plus importante ; cela est lié à une moins bonne technique.» L'intérêt de ses études est de comprendre ce qu'une technique mieux développée a comme impact sur le transfert d'énergie du corps.

Pour Caroline Martin, le prototype du serveur idéal est bien le suisse Roger Federer, qui tout en atteignant des vitesses de balle très élevées, reste régulier dans l'efficacité de ses premières balles de service. Aujourd'hui, la doctorante va profiter de sa bourse pour diffuser ses travaux lors de congrès internationaux et visiter des laboratoires étrangers. Et pourquoi pas à l'avenir proposer ses conseils à de grands champions...

Clément Moutiez

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