Jean-Pierre Chevènement : les changements politiques dans le monde arabe

Une communication donnée à l’Académie des sciences morales et politiques le 3 décembre 2012

L’ancien Ministre Jean-Pierre Chevènement, sénateur du Territoire de Belfort, a donné devant les académiciens de l’Académie des sciences morales et politiques réunis en séance le lundi 3 décembre 2012, une communication dans laquelle il expose une sorte de « fresque » des révolutions arabes qu’il a précisément intitulée : « Les changements politiques dans le monde arabe ».

"Les « révolutions arabes » ont surpris. Elles ont été saluées, dès le départ, avec d'autant plus de ferveur par l'opinion publique occidentale que celle-ci ne les avait pas vu venir. L'enthousiasme qu'elles ont, d'emblée, suscité plonge ses racines dans une certaine mauvaise conscience, celle d'une trop longue tolérance à l'égard de régimes autoritaires et corrompus, vus comme un moindre mal pour des peuples considérés comme trop arriérés pour accéder à la démocratie. Or, brusquement, ces sociétés se réveillaient. Leur développement entrait en contradiction avec des régimes qui accaparaient le pouvoir depuis trop longtemps et dont la légitimité s'était érodée au fil du temps. Une vision quelque peu euphorisante s'est alors développée, celle d'un « printemps arabe » surgi au cœur de l'hiver 2011. A travers lui, les peuples arabes allaient rejoindre un mouvement universel vers la démocratie qu'avaient parcouru avant eux d'autres peuples, ceux d'Amérique latine, d'Europe du Sud puis de l'Est, après la chute du Mur de Berlin, voire d'Afrique. Vision idéalisante, à coup sûr, car beaucoup de ces peuples avaient déjà connu la démocratie. Pour l'essentiel, les « révolutions arabes » entendent non pas « restaurer », mais « instaurer » la démocratie, avec, en Tunisie, un mot d'ordre qui vaut marque de fabrique : « Dégage ! ».

L’ancien Ministre Jean-Pierre Chevènement

Tout aussi péremptoire aujourd'hui, une thèse inverse se fait jour : et si les « révolutions arabes » n'avaient été qu'une « ruse de l'Histoire », ayant seulement servi de fourrier à l'islamisme politique, comme on le voit en Égypte, cœur du monde arabe, avec la victoire des Frères musulmans ?

Il y a en fait deux temps dans les « révolutions arabes » : celui de leur éclosion et celui du processus électoral qui va révéler le « pays réel », en Tunisie et en Égypte notamment.

Je propose d'abord de replacer l'analyse des révolutions arabes dans le mouvement de l'Histoire longue".

Poursuivez la réflexion de Jean-Pierre Chevènement en écoutant ou téléchargeant cette émission ou bien en lisant l'intégralité de sa communication sur le site de l'Académie : www.asmp.fr

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