Emmanuel Pontremoli, une architecture entre éclectisme et mouvement moderne

L’architecte de la Villa Kerylos présenté par Annie Regond
Avec Annie Regond
journaliste

Emmanuel Pontremoli fut élu à l’Académie des beaux-arts en 1922, dans la section architecture, au fauteuil de Gaston Redon. Connu comme l’architecte de la villa Kérylos, il put apparaître comme un artiste à la carrière traditionnelle mais l’étude de son oeuvre révèle des aspects intéressants et originaux qui méritent d’être soulignés.

Émission proposée par : Annie Regond
Référence : carr324
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_ Il naquit à Nice en 1865, au moment où l'Italie effectue son unification, et la marque de la culture de la Ligurie et du Piémont s'imprime fortement dans la région. Sa famille d'origine juive avait pris le nom d'une petite ville située aux confins de la Toscane, du Piémont et de l'Emilie-Romagne.

Facade de l’Institut de Paléontologie humaine

Le futur architecte accomplit sa formation à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, à l'issue de laquelle il est reçu au Prix de Rome, ce qui lui permet de séjourner durant deux années à l'Académie de France de cette ville. Il doit, comme tout pensionnaire relever et étudier un monument antique, en l'occurrence l'arc de Trajan à Ancone, monument majestueux mis en scène de manière spectaculaire au met d'un promontoire rocheux au-dessus de l'Adriatique.
Ancone était une ville située en Italie mais fondée par les Grecs de Syracuse, elle ne pouvait que fasciner notre architecte qui essaya plus tard de reconstituer une habitation grecque. L'arc était lui-même un excellent objet d'expérimentation : sa position paysagère, ses qualités architecturales depuis longtemps soulignées par les théoriciens ( Serlio, Palladio...), son décor sculpté (même si celui-ci avait déjà en partie disparu) ne pouvaient que susciter l'intérêt d'un architecte passionné d'archéologie. Celui-ci se trouva bientôt confronté aux problèmes de restauration qui trouvaient des réponses diverses suivant les pays et les types de monuments : non intervention recommandée par John Ruskin, restitution dans un état idéal même si celui-ci n'avait jamais existé suivant la méthode de Viollet-le-Duc, ou étude approfondie suivie de restauration par petites touches et sans pastiche comme le recommandait Camillo Boïto. C'est plutôt vers cette dernière tendance que s'effectua le choix de Pontremoli.


Après son retour en France, il construisit de nombreux immeubles à Paris. La villa Kérylos dont nous reparlerons l'occupa de 1902 à 1908.
Ecoutez l'émission d'Annie Regond : Emmanuel Pontremoli et la villa Kerylos aux sources de la Grèce antique

Colonne de l’Institut de Paléontologie humaine



Proche des recherches en archéologie, il reçut en 1910 du Prince Albert de Monaco la commande de l'Institut de Paléontologie humaine situé 1, rue René Panhard dans le 13e arrondissement où il collabora avec Roux pour un décor sculpté original et parlant, et qui étonne encore les passants : les ossements humains ne sont pas des ornements habituels en architecture !


Un décor en ossements !




La synagogue de Boulogne-Billancourt, construite au cours des mêmes années grâce au financement d'Edmond de Rothshild (membre libre de l'Académie des beaux-arts en 1906) est un monument où l'éclectisme est moins affirmé.




Il dirigea la construction du Consulat de France à Smyrne (en Turquie) en 1926.
Il devint chef d'atelier à l'Ecole des Beaux-Arts, et même directeur de 1934 à 1938.
Pontremoli mourut en 1956.

Consulter le site de la synagogue : http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/itiinv/archixx/imgs/p37-04.htm

Intérieur de la synagogue de Boulogne-Billancourt

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