Le sculpteur Jean Cardot de l’Académie des beaux-arts (1/2)

Rencontre avec l’artiste
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Comment Jean Cardot est-il devenu sculpteur ? Il revient sur l’histoire de son parcours pour Canal Académie, en toute transparence, avec l’aisance du recul sur une vie dense, marquée selon ses propres mots, « par une chance inouïe ». Mais que signifie la chance pour un artiste ? Très tôt il comprend sa vocation : seule la sculpture l’intéresse. Le témoignage d’un homme libre, capable d’exercer d’autres métiers pour faire la sculpture de son choix loin des discours et des média : parcours d’un sculpteur qui pratique l’art plus qu’il n’en parle, l’essentiel à ses yeux.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : hab559
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Sculpture de Jean Cardot, de l’Académie des beaux-arts



À onze ans, Jean Cardot savait qu'il voulait devenir sculpteur. Enfant, il regardait son père tailler le bois, sculpter ou modeler des petites pièces, sur l'établi, installé dans la cuisine de la maison. Cheminot, en dehors de son travail, l'homme aimait la sculpture et s'était lié d'amitié avec un sculpteur stéphanois, Emile Tourner. En pleine guerre, dans la France occupée des années quarante, Jean Cardot intègre l'École des beaux-arts de sa ville natale, Saint-Etienne, l’année de ses treize ans. Son père, pragmatique, lui fait apprendre à 14 ans pendant les vacances, le métier de tailleur de pierre. Lorsque jeune adolescent, il franchit une nouvelle étape en entrant à l'École de beaux-arts de Lyon, à 16 ans éloigné de son milieu familial, il a "en main" des gestes de sculpteur, une approche de la taille et de la pierre. Pour celui que l'on surnommait "le petit Cardot" à Saint-Etienne, en raison de son jeune âge, dès lors, le monde de la sculpture et des arts s’ouvre à lui, il n’en sortira jamais.

Jean Cardot de l’Académie de beaux-arts, bibliothèque de l’Institut de France, 2 décembre 2009
© Brigitte Eymann\/Académie des beaux-arts



De Lyon (1946) à Paris où il entre à l'École nationale supérieure des beaux-arts, Cardot travaille sous le regard de ses aînés. Des sculpteurs et des professeurs, Gaumont et Janniot, le prennent sous son aile, lui apprennent le métier de sculpteur, de praticien, de mise au point. Il a 19 ans. Autonome, «le bonheur» de faire de qu'il veut, c'est-à-dire de la sculpture, lui suffit. Plus tard, à Paris, au cours de ses études, de ses rencontres, il accède à la culture dont les circonstances de la guerre l'avaient privé. Il admire Michel-Ange et Rodin. Surtout, il s'émerveille du Paris de l'après-guerre, celui du mythique Saint-Germain-des-Prés. La ville s'impose rapidement pour lui comme un besoin, une condition nécessaire à son plaisir d'être. Il n'a pas encore trouvé "son propre" langage de sculpteur.



Dans cet entretien, il parle des sculpteurs des années cinquante qui ont compté pour lui. Il cite Henri Moore, Giacometti, qu'il a connu en 1961 quand il reçut le prix Bourdelle dont le jury rassemblait alors les plus grands noms de la sculpture. Robert Couturier dont le regard lui était nécessaire pour avancer dans ses recherches, semble avoir eu plus d'importance que les autres. «Il m'ouvrait des portes», des perspectives sur son travail, dit Jean Cardot. Qui l'a influencé? Étienne Martin et Henri Moore qu'il admirait? Qu'a-t-il appris d'eux et comment? A partir de là, il élabore son langage et commence à croire en ce qu'il fait. C'est de là qu'il date le départ dans son œuvre.


«Toute la sculpture m'intéresse», figurative ou non, dit-il.

Il évoque ensuite les commandes d'œuvres qu'il a reçu à exécuter, le domaine du design industriel dont il a poussé les portes, la restauration, le professorat. Libre financièrement, il fait la sculpture qui lui plaît. Le marchand d'art Hervé Odermat le remarque, diffuse son travail, l'expose pendant dix ans.


Pour lui, l'important est de pratiquer son art, plus que de parler d'art.


Sculpture de Jean Cardot, Time square,  1970-1971, 118 x 330 x 165 cm, Bronze, cire perdue




Il parle des thèmes de ses sculptures, de Time Square, du Monument de déportés, des portraits de Churchill et de De Gaulle, des taureaux, des formes humaines, de ses sculptures plus intimes. Il est curieux des formes d'expression, attentif à des visions, des objets qui attirent son œil et autour desquels, il élabore son écriture cherchant à ne pas se répéter.


Sculpture de Jean Cardot, Intimité, 1966 Bronze cire perdue 135 X 45 X 45 cm.




Premier volet de cette émission en deux parties, retrouvez Jean Cardot, pour la suite de cet entretien, prochainement sur Canal Académie.


En ligne sur Canal Académie :
-Churchill, De Gaulle par Jean Cardot de l’Académie des beaux-arts
-La flamme de la Liberté, une œuvre du sculpteur Jean Cardot


Sculpture de Jean Cardot, Recherche d’apostrophe :écriture 1960, Bronze cire perdue 45 X 50 X 24 cm.




En savoir plus



Sur le Site de l'Académie des beaux-arts, (extraits) :

Biographie

Né à Saint-Etienne (Loire) le 20 juillet 1930; Chevalier de la
Légion d'Honneur; Commandeur des Arts et Lettres.


Élu membre de l’Académie des Beaux-Arts,
le 9 novembre 1983, au fauteuil de Paul Belmondo.


Président de l’Académie des Beaux-Arts en 1992 et 1997.


Premier second Grand Prix de Rome (1956)
Pensionnaire de la Casa de Velazquez (1957-1959)


De 1941 à 1956, Jean Cardot fréquente successivement les Ecoles des Beaux-Arts de Saint-Etienne, puis de Lyon, et enfin l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts à Paris dans les ateliers de Gaumont et de Janniot. Après l’obtention d’un Premier second Grand Prix de Rome en 1956, il séjourne à la Casa de Velasquez à Madrid de 1957 à 1959.


Dès 1961, année où il obtient le Prix Antoine Bourdelle et le Prix Brantôme de Sculpture, il entre comme professeur, chef d'atelier à l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon (1964). Durant cette période, il reçoit ses premières commandes publiques, dans le cadre du 1%. Ainsi il réalise en 1967, Taureau mourant (pour un lycée de Saint-Etienne - terre cuite, plus tard bronze), 1969, Sculpture fontaine (CHU de Saint-Etienne - granit), 1973-1975, Monument à la Résistance et à la Déportation du Val de Marne (sur concours - fonte d'aluminium- érigé à Créteil). De cette époque datent aussi des oeuvres de petites dimensions, intimistes, formes nées du modelage du plâtre, de la terre, parfois de la cire, se prêtant bien à l'édition en bronze : L'envol (1961), de nombreuses études pour Torse de femme et Torse d'homme (1960 à 1966), Danseuse (1965), Plein Soleil (1967), Coq en colère (1968), Sereine (marbre - 1969), Le Centaure (1970), Times Square (inspiré par un voyage à New-York - 1970-1971).


En 1974, il est nommé chef d’atelier de sculpture en taille directe, à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts à Paris, atelier prestigieux où il enseigne à "maîtriser le métier qui devient outil de création". A partir de 1983, il poursuit cette mission en qualité d’Inspecteur général des Ateliers Beaux-Arts de la Ville de Paris. La même année, il est reçu au sein de l'Académie de beaux-arts.




- Site Internet personnel de l'artiste Jean Cardot
- Jean Cardot de l'Académie des beaux-arts
- Henry Bonnier, Jean Cardot, photographies de Pascal Bories, avec des témoignages d’André Hours et Edouard Jaupart, Editions Adam Biro, Paris, 2000
-Dictionnaire des Peintres, Sculpteurs, Dessinateurs et Graveurs, par E. Bénézit, Paris, 1978, t.2, p.521

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