Le climat révélé par les glaces

Visite de l’exposition au Musée des arts et métiers, avec Bertrand Cousin
Claude LORIUS
Avec Claude LORIUS
Membre de l'Académie des sciences

Les pôles jouent un rôle primordial comme témoins et acteurs
des changements climatiques. L’exposition « Atmosphère… Le climat révélé par les glaces » retrace 50 ans de recherches scientifiques dans les aires polaires. Elle évoque aussi la formidable aventure humaine vécue par Claude Lorius, Auguste Picard et bien d’autres chercheurs dans l’Arctique et l’Antarctique... Récit en compagnie de Bertrand Cousin.

L’atmosphère, fine enveloppe de gaz qui permet la vie sur notre planète, est fragilisée et modifiée par les activités humaines.
Sur Terre, les régions polaires sont les mieux placées pour l’étude de ces phénomènes, et sont donc au cœur de la compréhension des changements climatiques. Évolution du climat, gaz à effet de serre, trou d’ozone… Hostiles et longtemps inexplorés, les pôles sont devenus en 50 ans les terrains privilégiés de la recherche sur l’atmosphère.
C’est un "Weasel" qui nous accueille en début d’exposition : engin de guerre utilisé sur les plages du Pacifique, cette chenille fut réutilisée pour les expéditions polaires françaises dans les années 1950. Seul le Weasel permet de se déplacer dans le continent Antarctique, les chiens de traîneaux ne supportant pas les conditions extrêmes au Pôle sud.

Linge au soleil sur Weasel ! Les scientifiques ne manquent pas d’humour
© IPEV



Parmi les scientifiques qui font date dans la recherche, on retrouve le trio Claude Lorius, Roland Schlich et Jacques Dubois. En 1957, les trois Français passent six mois dans la station Charcot. Enfermés dans un tunnel de 27m2 sous la glace, leur mission consiste à mesurer le magnétisme terrestre encore mal connu à l’époque. En plein cœur du continent antarctique, proches du pôle sud magnétique, ils font face à des conditions extrêmes qui les obligent à revenir toutes les demi-heures dans leur station.

Base Charcot, 1957-1958
© IPEV



Pour tuer le temps, les trois chercheurs jouent aux cartes en pariant leurs chaussettes à repriser !
L’exposition présente une archive vidéo tournée par Roland Schlich ainsi que divers objets leur ayant appartenu.

Aurore boréale
© IPEV G. Mercier




Appareil d’Auguste de la Rive
© MAM CNAM

Une des manifestations du magnétisme terrestre sont les aurores boréales, que l’on observe uniquement dans les régions australes. Ce phénomène spectaculaire suscitait déjà la curiosité des scientifiques au milieu du XIXe siècle. Preuve en est avec deux instruments exposés. Le premier est une sphère en bois de 60 cm de diamètre surmontée de deux cloches en verre, pour la reproduction des aurores boréales. Il est conçut en 1864 par Auguste de la Rive. Si le phénomène était bien reproduit, en revanche Auguste de la Rive avait tort en pensant que les aurores étaient d’origines atmosphériques.

Terrella

L’autre objet, qui a pour nom « Terrella » est un pavé d’un mètre de côté à l’intérieur duquel est enfermée une sphère représentant la terre. Des électrons sont envoyés à l’aide d’un générateur à haute tension pour reproduire ainsi les aurores polaires, en comprenant enfin que l’origine est le vent solaire.


Poursuivons sur l’atmosphère. Une maquette d’Auguste Picard (savant qui inspira Hergé pour le professeur Tournesol) représente une nacelle du ballon stratosphérique dans les années 1830-31. Il monta à 6 km de hauteur, dans la stratosphère, pour effectuer lui-même ses mesures.

Ballon
© CNES



Retour sur le continent Antarctique. En 1960, Claude Lorius a une idée lumineuse : les glaces profondes du continent antarctique doit conserver les traces u climat passé. Idée simple ? Il faudra plus de 20 ans pour vérifier et valider cette hypothèse. Aujourd’hui, c’est grâce à ses travaux combinés aux travaux d’autres équipes que l’on peut établir le climat jusqu’à 800000 ans avant notre ère… et prendre ainsi conscience du dérèglement climatique qui s’opère.

L’exposition se termine par la station Concordia. Opération franco-italienne, cette station fut installée en 2005 au cœur de l’Antarctique. Elle accueille plusieurs dizaines de scientifiques tant astronomes que glaciologues.

L’Antarctique est un continent international, protégé de toute activité industrielle comme le stockage de déchets par exemple

Station Concordia
© CNRS Photothèque\/IPEV © FRENOT Yves






En savoir plus

- Atmopshère, le climat révélé par les glaces, se déroule du 28 octobre 2008 au 30 avril 2009 au Musée des arts et métiers,à Paris


Didier Hauglustaine, Atmosphère, atmosphère, éditions du Pommier, 2008

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