Le dirigeant à l’épreuve de l’opinion

avec Jean-Pierre Beaudoin reçu par Jean-Louis Chambon
Avec Jean-Louis Chambon
journaliste

Le champ de responsabilité des dirigeants s’est considérablement élargi pour intégrer l’ensemble des sphères économiques, sociales et citoyennes et plus récemment les pressions de l’opinion. Jean-Pierre Beaudoin nous présente un ouvrage très prometteur : Le dirigeant à l’épreuve de l’opinion, dix principes de communication à l’usage de ceux qui nous dirigent.

Émission proposée par : Jean-Louis Chambon
Référence : ecl357
Télécharger l’émission (38.26 Mo)

_
La démocratie d’opinion avance à grands pas : manifestation contemporaine d’une forme de démagogie pour les uns, heureuse expression des nouvelles responsabilités de la société civile pour les autres.
Cette « avancée » s’accompagne de dommages collatéraux. De facto, l’opinion rentre de plus en plus régulièrement en émoi, pesant à la fois sur les orientations des politiques comme sur l’ensemble des acteurs de l’économie, le CPE en est l'illustration.
Evidemment l’actualité ne manque pas de livrer son lot quotidien de « poil à gratter » et nos dirigeants, par leur comportement visible, souvent inconscient, y prennent une part active.
Par exemple l’annonce récente d’une progression de 40 % des rémunérations des grands patrons français en 2007 (supérieure à la moyenne européenne) vient télescoper les préoccupations de nombre de ménages nationaux aux prises avec leur pouvoir d’achat...
Nul doute du caractère remarquable de la contribution de nos dirigeants (après tout c’est le marché qui dicte le niveau de leur rétribution). Mais peut-on croire pour autant que cette situation paradoxale résiste à l’épreuve de l’opinion ?
Aussi l’ouvrage de Jean-Pierre Beaudoin arrive à point nommé pour suggérer dix principes de communication « à l’usage de ceux qui nous dirigent et à leur entourage ».

Jean-Pierre Beaudoin


Spécialisé dans le management des stratégies d’opinion, l’auteur rappelle malicieusement que « l’opinion souvent insaisissable est tout autant courtisée (s’agissant par exemple de plébisciter une stratégie ou une image), que redoutée (lorsque la responsabilité personnelle est publiquement mise en cause…) »… Daniel Bouton en sait quelque chose.

S’inspirant à la fois de son expérience, des travaux d’experts, face à une « opinion qui a toujours raison », et un monde « où tout ce qui est confidentiel est destiné à devenir public », l’auteur montre qu’un dirigeant peut devenir fusible, victime de sa communication mal maîtrisée. Ouvrant des pistes pour gérer (et mieux anticiper) ces situations de crise, l’auteur explore le champ de l’éthique et de la morale (transparence, loyauté, exercice de l’autorité, etc.). Des domaines qu’il restitue sous l’éclairage de la « censure démocratique » fondée sur la surabondance, l’excès et la saturation d’informations.
À moins de partager l’idée de Philippe Breton : « communiquer, quel que soit ce que vous communiquez »[[Philippe BRETON : L'utopie de la communication : Le mythe du « village planétaire » – La Découverte – Paris 1997]], on peut se convaincre que le meilleur résultat d’une « bonne communication d’opinion » peut être tout simplement le silence.


Cela peut vous intéresser