Woody Allen, de l’Académie des beaux-arts, et le jazz de la Nouvelle-Orléans

Le cinéaste clarinettiste en concert à Paris. Gauthier Jurgensen raconte.
Avec Gauthier Jurgensen
journaliste

Woody Allen n’excelle pas qu’au cinéma ! Son talent s’exerce aussi en musique, style jazz Nouvelle Orléans. Il était, pour un unique concert, à Paris, au Grand Rex, tout dernièrement et notre jeune chroniqueur cinéma, Gauthier Jurgensen, n’a pas résisté à cette soirée et vous fait partager ici son enthousiasme.

Émission proposée par : Gauthier Jurgensen
Référence : foc636
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Woody Allen était de passage à Paris, le samedi 02 avril 2011. Nous l’avons aperçu avenue Montaigne vers 16h, où toute la circulation avait été bloquée pour le tournage de « Paris Manhattan », où il fait une apparition. Il en a profité pour faire un crochet par le Grand Rex, avec ses amis du New Orleans Jazz Band.

Même s’il ne s’est pas fait connaître par la musique, on ne peut pas le dissocier de sa clarinette. Il lui doit son pseudonyme… De son vrai nom Allen Stewart Konigsberg, il a choisi de se faire appeler Woody Allen, en hommage à Woody Herman, son clarinettiste de jazz favori.

Le New Orleans Jazz Band au Grand Rex, samedi 02 avril 2011 : de gauche à droite, Jerry Zigmond (Trombone), John Gill (Batterie), Simon Wettenhall (Trompette), Greg Cohen (Basse), Woody Allen (Clarinette), Conal Fowkes (Piano) et Eddy Davis (Banjo). Photo : Gauthier Jurgensen

Tous les lundis, depuis des années, le New Orleans Jazz Band se produit au Carlyle Hotel, à Manhattan. Un hôtel légendaire, qui date des années 30. L’orchestre de Woody Allen se sent chez lui au Grand Rex, tout aussi légendaire et construit à la même époque. C’est là qu’il est venu nous donner une leçon de jazz de la Nouvelle Orléans.

Woody Allen, n’est pas à la tête de la formation. Le leader, c’est Eddy Davis, qui joue du banjo, entouré d’un clarinettiste - Woody Allen -, d’un trombone, d’une trompette, d’un piano, d’une contrebasse et d’une batterie.

Il est un peu plus de 21 h quand le concert démarre. Woody a fait salle comble ! Deux morceaux, pour se mettre dans le bain, et il se dirige vers un micro pour s’excuser, comme il le fait à chacun de ses concerts, mais en français, cette fois-ci : « Je suis désolé car je ne suis pas très bon. Mais si vous détestez ma musique, vous pourrez toujours allez voir mes films ». Il sait que ça nous fait plaisir de l’entendre parler français ! Mais au fait, sa musique, on en pense quoi ?

En effet, c’était vraiment réjouissant. Même pour les novices du jazz, impossible d’échapper à l’enthousiasme, la spontanéité, la joie de vivre qui se dégagent de ces morceaux. Les musiciens se renvoient la balle, enchaînent les solos, improvisent... Et à la fin de chaque morceau de bravoure, à chaque passage de flambeau, le public applaudit. Puis, quand tout le monde s’est exprimé, les instruments reprennent ensemble le motif principal. La bonne humeur est contagieuse.

Parfois, un petit couplet est entonné, tantôt par Jerry Zigmont, le trombone, ou Eddy Davis, ou Woody Allen lui-même ! Car même s’il n’a voulu aucune promotion autour de l’évènement, il a beaucoup payé de sa personne.

On a eu un peu peur quand il a annoncé la fin du concert, après juste une petite heure de musique. C’était pour mieux revenir sur scène, nous faire cadeau de deux rappels et quarante-cinq minutes de spectacle en plus.

Cette musique, vous la connaissez bien, même si vous croyez qu’elle vous est étrangère. D’ailleurs, elle accompagne souvent les génériques des films de Woody. Il y a du
Dizzy Gillespie, du Louis Amstrong, quelques standards de la musique afro-américaine du 19ème siècle, comme « Joshua Fought The Battle Of Jericho »…

On se demande forcément s’il est possible d’être à la fois un grand humoriste, un metteur en scène connu dans le monde entier et un musicien génial. Certes, le pari semble difficile à tenir. Mais Woody Allen n’a pas à rougir de son talent. Du haut de ses soixante-quinze ans, il peut se vanter de nous avoir fait passer une très bonne soirée au Grand Rex, avec son orchestre de jazz. Tout le monde de peut pas en dire autant. Alors, bravo Woody !

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