Perspectives de l’économie française en 2013

Avec Jacques De Larosière, Gouverneur honoraire de la Banque de France
Avec Marianne Durand-Lacaze
journaliste

Quels sont les atouts et les faiblesses de l’économie française ? L’académicien dresse un bilan à moyen terme des perspectives de l’économie française : l’urgence absolue d’une réduction des dépenses publiques, du chômage et d’une amélioration significative de la compétitivité de notre économie sont nécessaires pour sortir de la crise.

Émission proposée par : Marianne Durand-Lacaze
Référence : chr908
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Cette émission a été enregistrée le 13 mai 2013. Écoutez l’intégralité de sa chronique dont vous avez dans le texte ci-dessus, seulement le début résumé.

En France, l’infrastructure est efficace, les atouts culturels indéniables, l’énergie nucléaire très développée, l'épargne des ménages importante, la main d'œuvre très qualifiée. De même de grandes entreprises de rang international en bon nombre, dont certaines sont au premier rang mondial lui assurent de réels avantages. Ces éléments sont d'incontestables atouts.

Parmi les faiblesses, Jacques de Larosière compte la gestion des finances publiques, l'accumulation tous les ans (depuis 40 ans), des déficits budgétaires qui se traduisent par une dette de 90% de notre PIB aujourd'hui, évaluée en 1975 à 20%. Cette gestion inconsidérée et presque inconsciente de la dette publique n’a pas pris la forme d’investissements publics créateurs de richesse d’avenir mais d’un gonflement de la dépense publique. La France détient le triste record au sein des pays membre de l’OCDE, d'un gonflement de ses dépenses publiques évalué à 56 % de son PIB.

Parmi les faiblesses également, l’académicien rappelle que dans une économie mondialisée, les coûts unitaires de production doivent être attractifs pour prendre aux entreprises des économies concurrentes des parts de marché. Or, les coûts unitaires de main d’œuvre en France, sont élevés. En conséquence la balance commerciale et la balance des paiements sont en déséquilibre. En 1999/2000/2001, la balance des paiements française était excédentaire, l’Allemagne était alors en déficit et la France était alors considérée comme le pays compétitif. Depuis 2003, l’Allemagne a regagné l'équilibre de sa balance des paiements courants et s’est trouvée en excédent à partir de 2005. Un excédent aujourd’hui, assez important de l’ordre maintenant de 7 % du PIB. Alors que la France a glissé en balance des paiements courants de l’équilibre à un déficit de l’ordre de 2, 25 % de PIB. Nous sommes à -2,25 %, les allemands sont à + 7%, soient 9 points d’écart. C’est là la marque d’un manque de compétitivité pour les entreprises françaises. Comme nous nous maintenons ainsi, les pays qui exportent vers nous, le font à des prix plus compétitifs que ce que nous pouvons offrir. Or cela agit immédiatement sur le chômage. "Le taux de chômage de moins de 11 % (1), certes moins que l’Espagne, alors que l’Allemagne connaît un chômage frictionnel classique qui n’est pas comparable au chômage de longue durée connu dans le cas français, pèse très lourdement sur la compétitivité.
Ce phénomène de moindre compétitivité des entreprises est aux yeux de Jacques de Larosière, le phénomène majeur à résoudre aujourd’hui car cela se traduit par une détérioration de la balance commerciale et de la balance des paiements.
Dans cette émission, l’ancien gouverneur de la Banque de France ne prétend pas apporter de solutions mais un peu de cohérence pour comprendre et faire comprendre l’état de la situation de l’économie française et ses perspectives.

Note (1) : 10,2 % de la population active fin 2012, en augmentation, inférieur au record de 1997 (10,8 %)", d'après le communiqué de presse du ministère du travail. Entre 1997 et 2013, la population active française a en effet fortement progressé, ce qui permet à l'économie d'afficher un taux de chômage pour l'instant un peu meilleur qu'à la fin des années 1990 (sources : Le Monde 25 avril 2013).

Jacques de Larosière, 22 avril 2013, Canal Académie
© Marianne Durand-Lacaze\/ Canal Académie

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