Les mots des religions : "Professant-confessant"

avec la théologien protestant Eric Denimal
Avec Virginia Crespeau
journaliste

Que signifie être « professant » ou « confessant » dans le vocabulaire et la foi protestante ? Le théologien, journaliste, pasteur évangélique et auteur de « La Bible pour les Nuls », Eric Denimal propose une explication pour les auditeurs de Canal Académie.

Émission proposée par : Virginia Crespeau
Référence : tor543
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Le théologien, journaliste, pasteur de plusieurs ouvrages dont «Oui nous sommes protestants», « Calvin, héraut de Dieu » et « La Bible pour les Nuls », Eric Denimal constate tout d'abord : « Dans le protestantisme, nous aimons affiner notre position; le protestant est celui qui proteste de sa foi. Ce terme, dans l'ancien français, voulait dire qu'il affirmait sa foi.
Or, le protestantisme, dont une des devises est d'être en réforme permanente, a multiplié ses visages au cours des siècles. Il s'est enrichi de courants divers comme le libéralisme qui a engendré des théologies critiques. Mais une frange importante de ce protestantisme non figé a sans cesse défendu son essence évangélique ; ce mouvement, pour ne pas dire cette mouvance évangélique a connu aussi différents courants qui ont suscité des confessions spécifiques : les baptistes, les pentecôtistes, les adventistes et autres… Ce qui ne rend pas toujours très lisible les effets de la Réforme.

La grande famille protestante est très attachée à ses racines historiques, mais les évangéliques d'aujourd'hui insistent pour se présenter comme des professants, c’est-à-dire qu'ils professent et confessent une foi qui ne reconnait qu’une autorité : la Bible reçue comme Parole de Dieu.

Eric Denimal : théologien, journaliste, pasteur évangélique et auteur de « La Bible pour les Nuls » Editions First




Dès la fin du 19ème siècle, le protestantisme a parlé des confessants et des professants comme de chrétiens qui attestent leur foi, la disent, la verbalisent, osent en parler dans un but de prosélytisme, et sans se laisser piéger par une dimension privée de la foi. Pour eux, la foi ne doit pas se vivre seulement le dimanche avec d'autres paroissiens ou à la maison, dans la sphère privée ; elle doit se vivre de la même façon en famille et en société, dans le cadre de l’entreprise et dans la Cité. Comment être chrétien dans un domaine et ne pas l’être dans un autre ? Professer, s’engager dans une profession de foi, c’est essayer de mettre en accord sa foi et son projet de vie. L'évangélique professant se veut être en cohérence dans toutes les sphères qu'il peut traverser.

Sa préoccupation est la suivante : Comment être fidèle à la Bible sans être taxé d’intégrisme, de fondamentalisme ou de passéisme ? Le texte reste l’autorité suprême. Le professant est donc responsable des lectures qu'il en fait et des interprétations qu'il en tire. Son critère est au diapason que représentent sa foi et sa relation personnelle avec Dieu. Humble lecteur de la Bible, il doit se souvenir que ce n’est pas son intelligence qui est capable de décrypter ou de décoder le texte, mais c’est sa foi qui est alimentée par l’esprit de Dieu auquel il croit. Le chrétien confessant ou professant, croit que l’esprit de Dieu vient éclairer sa lecture et non ses présupposés, ses envies, ses besoins, ou les modes du moment.

De façon plus personnelle, je dirais que ce qui est intéressant avec la Bible, c’est qu’elle supporte toutes les lectures sans exclure aucune d’entre elles. À chaque fois que la Bible est enfermée dans une lecture, le texte est dénaturé, et ne peut révéler ce qu’il a à révéler dans toutes les lectures possibles qui s’additionnent et s'enrichissent mutuellement.
L'humilité est une vertu essentielle qu’il faut retrouver quand on est lecteur de la Bible. Le chrétien met en place une secte lorsqu'il oublie que devant le Dieu de la Bible il n'est qu'un sujet et qu'il se prend pour le Verbe.




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