Marie, Guillaume Apollinaire

Le printemps des poètes
Robert WERNER
Avec Robert WERNER
Correspondant

Vous y dansiez petite fille 

Y danserez-vous mère-grand 

C’est la maclotte qui sautille 

Toutes les cloches sonneront 

Quand donc reviendrez-vous Marie 

 

Les masques sont silencieux 

Et la musique est si lointaine 

Qu’elle semble venir des cieux 

Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine 

Et mon mal est délicieux 

 

Les brebis s’en vont dans la neige 

Flocons de laine et ceux d’argent 

Des soldats passent et que n’ai-je 

Un cœur à moi ce cœur changeant 

Changeant et puis encor que sais-je 

 

Sais-je où s’en iront tes cheveux 

Crépus comme mer qui moutonne 

Sais-je où s’en iront tes cheveux 

Et tes mains feuilles de l’automne 

Que jonchent aussi nos aveux 

 

Je passais au bord de la Seine 

Un livre ancien sous le bras 

Le fleuve est pareil à ma peine 

Il s’écoule et ne tarit pas 

Quand donc finira la semaine 

 

Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913 

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